Magson de Pazou

Il fallait choisir entre Freluquet, Frelucson et Magson de Pazou; des surnoms hérités de mon passage à l’internat, Collège Bullier, Sa’a, Cameroun. Magson de Pazou s’est imposé.

Je ne pouvais naître que camerounais. Dans ma trentaine, je réside en France depuis 15 ans. Je suis une espèce en voie d’apparition en France, un nègre des sentiers, sentiers boueux menant vers la fierté et la réalisation de soi. Et ce site n’est que la résultante d’un cheminement tortueux qui débute à Bamenda pour se terminer à Aubervilliers. Comme vous, j’en avais marre d’entendre des moins-que-peu-de-choses, me parler de moi sans jamais me demander mon avis. Je me suis donc autorisé à le donner.

Je suis un bledard, avec tout ce que cela implique. Je suis juste un bledard qui s’exprime. Premier d’une longue lignée que j’espère prolifique. Pour le reste, je désactive Kasperski quand j’écris.

Mon profond égoïsme m’oblige à m’intéresser à ce qui m’entoure, aux autres. Par conséquent, je ne parle pas du monde parce qu’il m’importe. Pour pouvoir me sentir bien dans mon environnement, je suis contraint de m’occuper des choses qui m’insupportent.

Mes accréditions ? A vrai dire, rien de bien solide. Je suis un privilégié africain, fils de notable, devenu grâce à l’immigration, un sous-prolétaire en Occident. Accessoirement, j’ai suivi une formation agricole (Bac pro agricole à Bullier, pensionnat catholique. Une bourse pour poursuivre en France. J’ai un BTSA en productions animales obtenu au Legta Ressins-St-Gildas à Charlieu). Je l’ai complétée avec une formation en commerce à Jouy-en-josas au CFA Tecomah et j’ai un master en commerce international obtenu à l’Université de Paris 13. Grâce à ces formations, j’ai effectué des voyages en Europe et en Afrique, et zoné dans de nombreux milieux sociaux. J’ai financé personnellement ces formations par un emprunt bancaire que j’ai commencé à rembourser pendant mes études grâce au soutien scolaire. Je parle anglais car j’ai grandi à Bamenda, dans la région anglophone du Cameroun; français, appris à l’école; je baragouine l’italien des restes de mon séjour à Padoue et un peu d’espagnol.

Quand j’étais jeune, à l’université, j’ai fondé avec des camarades une association, Résistance culturelle, et j’ai été représentant des étudiants au CEVU et au CS. J’étais pour le CPE et j’en ai bénéficié car c’est grâce au CNE que j’ai obtenu directement un emploi à la fin de mes études. J’ai travaillé 2 ans dans une start-up liée au monde du GPS .

Avec les indemnités de licenciement reçues, j‘ai lancé une sarl avec 2 amis, www.claireyvesandre.com, dont le but est de démocratiser la pratique du soutien scolaire en banlieues et dans les couches les plus modestes de la population et de permettre aux étudiant de gérer ce business. Ces couillons n’ont jamais rien capté.

Je ne suis affilié à aucun parti. J’avoue que la désirabilité sociale n’a jamais affleuré dans mon esprit. Je ne suis pas marié, je n’ai pas d’enfant (officiellement). Je ne suis d’aucune religion (j’ai évité volontairement d’être baptisé deux fois. J’ai pratiqué pas mal de religions : catholique, protestant, baptiste, évangélique, Témoins de Jéhovah par mon oncle qui me ramenait les Tours de garde et même la foi baha’ie, une secte iranienne très peace and love dont je garde très bons souvenirs). Ou plutôt, je suis pour que les noirs aient une religion qui vienne d’eux. Quand les noirs institueront leur Dieu, leur prophète alors j’adhérerai.

J’apprends fastidieusement à jouer de la basse.

Enfin, je vis en banlieue, à Aubervilliers, et je bosse à Saint-Cloud comme chargé de clientèle. Je continue de vouloir acheter ma liberté en poursuivant mon aventure entrepreneurial. Un pied dans le salariat, un autre dans l’entrepreneuriat, et la bite dans le prolétariat.

 

Voilà ! Magson de Pazou.

 

 

 

 

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