Le requiem du nouveau-né

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon cœur gèle à pierre fendre
C’est la dernière salve avant la calanche
Puisse-t-elle me préserver de l’agonie
Demain, je serai entre quatre planches

Un trois-pièces pour quitter ce bordel
Ultime privilège de mortel
Avant de recevoir ma lettre de récréance
Du Très-Haut ou du très-bas

Je verrais bien ce qui adviendra
Pour l’instant, je savoure l’éphémère présent
Je m’en grillerais bien une pour meubler l’attente
Une Tsingtao dans la soupente

En boucle, écouter Chapman me détendre
Avant d’amorcer la descente
Avant de refroidir ma funeste pénate
Je suis le seul à participer à cette régate

Vainqueur de fait, comme la première fois
C’est encore plus dur de partir
Et laisser tout ça derrière moi
Moi qui rêvais de mourir en martyr

Pour une grande cause
Je l’ai entrevue, je l’ai aperçue
Mais je n’ai pas osé l’aborder, ma Lulu
Le bonheur tient à si peu de choses

Salut
Comment vas-tu ?
Me voici étendu
Prêt à avaler mon copahu

Je m’en vais comme j’ai vécu
Si je l’avais su, si j’avais cru
Sans doute aurais-je été moins déçu
Cette vie a été terne et pénible

Me manquait ma mère
Même ce vieux con de pater
Me manquaient mes amis, mes frères.
Mes très chers, à tout à l’heure, j’espère

J’ai cru pouvoir agrémenter ce long périple
Je me suis planté et désormais, légume
Je m’étouffe dans mes spumes
Seul, mais entouré d’ombres

Immobiles comme un verdict
Allongés, avec un tube qui encombre
Leur cornemuse
Ici, c’est l’autre maternité

L’unité des soins palliatifs
Le mausolée des grands naïfs
La vie s’en va, ça schpuse
Un avant-goût de l’éternité

C’est triste à penser
Mais au final,
Je meurs d’ennui
Et je le vis mal

A tout prendre, je préfère tout lâcher
Je me réjouis juste de savoir qu’il
N’y aura plus d’aussi beau jour que cette nuit
Pour accueillir mon âme dans le monde des esprits

 

 

Be the first to comment on "Le requiem du nouveau-né"

Leave a comment