Du temps où j’étais jeune nègre
Amateur de sport, de films de pègre
De femmes mièvres mais espiègles
De musiques stridentes et allègres
J’étais oint de grands principes
Mais prêt à quitter mon slip
Pour un geste d’amitié du maître
Un billet, un colifichet
Une blonde au bras
Un ballon, des olas
Du tissage au métissage
Ma noirceur javellisée
Cette blancheur bas de gamme
Qui rend la mélanine assimilable
Survendue pour ma nouvelle humanité
Méprisable
Faire blanc et espérer en être
Le prix à payer pour tout bon nègre
Du temps où j’apprenais à me connaître
Où les glorieux soumis m’apprenaient à me compromettre
Faire blanc et peut-être qu’ils daigneront l’admettre
Du temps où j’étais jeune nègre
Il était de bon ton de courir les salons
Être un grand rebelle avec un bon patron
Un négro qui fait l’effort d’articuler
Un révolté policé, facile à manipuler
Faire musée, accuser mais amuser
Ma sauvagerie légendaire enfin excusée
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