Cela a été une discussion intéressante sur les médiaux sociaux à propos du degré d’implication que les noirs devraient avoir concernant les protestations portant sur le conflit entre Israël et la Palestine.

Pour ceux qui ont besoin d’un rapide résumé quand il s’agit du conflit, en voici un, même si je vous conseillerais de faire vos propres recherches. Pour le reste, avec une compréhension plus fluide de ce conflit, je serai curieuse de savoir où vous vous positionnez ?

Du point de vue des média mainstream, il apparaît un biais évident en faveur d’Israël, indirectement, la justification du gouvernement US concernant la raison laquelle l’agression d’Israël est légitime.

D’un autre point de vue, certains médias ayant une audience majoritairement afro-américaine, se sont inclinés en faveur de la Palestine. Bref, la plupart des voix noires de toute façon. Une seule voix dissonante, Kola Boof, romancière, féministe et probablement la personne la plus menaçante d’Internet.

Une soudanaise qui observe sa famille se faire tuer au nom de la conformité réligieuse, Boof a été très remuante récemment à propos des afro-américains qui ont un soutien inconditionnel à la Palestine, ainsi que les relations financières très cordiales de la communauté avec le monde islamique en général. Dans une série de tweets et de posts de Facebook, Boof dit comment la blogosphère noire est restée très attentive sur le nombre de bombes lancées par Israël sur la Palestine et pourtant, ils ont été silencieux et virtuellement absents à propos des traitements inhumains et parfois mortels que des noirs africains subissent au Moyen-orient et dans les pays du Maghreb.

Notamment, elle écrit (reproduit avec sa permission) sur sa page FB :

« Je crois que les afro-américains ont tendance à voir l’anti-noirceur et le racisme comme strictement BLANCS et des phénomènes européens. Ils ne semblent pas connaître la cosmologie intriquée de disons, le passé racial haineux asiatique envers les noirs. Ils semblent croire que « d’autres peuples de couleurs » sont en solidarité avec eux et n’ont pas les mêmes animosités raciales que les blancs envers les noirs.

Personnellement, je crois que le désir de peau claire et de « beaux cheveux » (la vision des arabes et des autres peuples de couleurs) crée cette illusion de la vertu historique de la discrimination basée sur la couleur de peau…. Le sentiment sous-jacent véhiculé est qu’ils préfèrent être reliés à CEUX qui ont des peaux claires et des cheveux plus cirés de personnes de couleurs au lieu des noirs charbonneux du Soudan par exemple. Ils imaginent (idéalisent) un lien avec ceux d’autres peuples de couleurs et essayent de clamer « peuple de couleur » comme une vision panafricaine, ignorant totalement l’histoire actuelle de l’Inde par exemple, où le système de castes a interdit et mis hors-la-loi la noirceur. »

Boof est la seule écrivaine noire jusqu’à présent à aller contre l’alliance des noirs avec la cause palestinienne, et plus indirectement, le Moyen-Orient. La blogueuse et bachelière Chloe Valdary écrit pour TabletMag.com à propos de son angoisse de voir les étudiants pro-palestiniens sur les campus des lycées « chaparder » l’héritage du mouvement des droits civils des noirs pour ce qu’elle appelle « un agenda répugnant ». Elle allègue aussi que plusieurs leaders noirs des mouvements civiques ont – selon ses mots – été sionistes, incluant Rosa Parks, Coretta Scott King, A. Phillip Randolph, Bayard Rustin et même le Dr. Martin Luther King Jr., donc j’imagine que tous les noirs doivent être sionistes – ou alors, ils ne seront plus considérés comme noirs… Je ne sais pas.

Mais elle rajoute :

« Vous voyez, mon peuple a toujours été sioniste parce que mon peuple s’est toujours levé pour la liberté de l’oppressé. Donc, vous ne devez certainement pas vous approprier culturellement l’histoire de mon peuple. Vous n’avez pas le droit d’invoquer la souffrance de mon peuple pour vos objectifs exécrables et vous ne devez pas feindre d’être des victimes en nos noms. Vous n’avez pas le droit de calomnier le nom de mon peuple et lier votre cause à celle du Dr. King. Nos deux causes sont diamétralement opposées.
 
Votre cause est l’antithèse de la liberté. Cela a coûté des centaines de milliers de vies d’Arabes et Juifs. Cela a séparé ces gens, et créé une animosité envers eux. Cela a conduit aux maux de tête, aux tourments, à la mort et à la destruction. »

Ce petit débat à propos de l’agitation, l’oppression et la violence contre les afro-américains tout le long du Moyen-Orient, à travers l’histoire. Et s’il y a débat, permettez-moi de vous montrer ce lien, qui offre une lecture rapide concernant l’histoire de la traite des esclaves en Afrique par les Arabes. Ou plutôt cet article récent de Saad Salloum, mettant en lumière l’histoire tragique et ratée de cet irakien noir, qui a lutté pour avoir les lois anti-discriminatoires écrites dans les livres dans l’espoir de protéger les 400000 descendants d’esclaves noirs (mis en esclavages par des traders arabes) du racisme rampant – seulement pour être assassiné. Oui, pendant que les afro-américains notamment pétitionnaient et protestaient contre le gouvernement des USA pour le compte des irakiens, la plupart de ces personnes étaient hypocrites face à la situation de leurs propres frères noirs.

Ou vous pouvez considérer comment pendant le moment où l’Amérique noire, et en particulier, Louis Farrakhan, avait la larme à l’œil à cause du renversement de Muammar Gaddafi, juste quelques années avant, il faisait des deals avec les pays européens pour les aider dans leur quête d’arrêter le processus de rendre l’Europe noire. La plupart de ces africains qui ont fini dans les geôles de Gaddafi étaient agressés et battus. Et maintenant que les tensions dans cette région se sont calmés un peu, un rapport d’Amnesty International montre comme jusqu’à ce jour, des milliers d’africains du sud-Sahara en Libye sont encore sujets à des conditions de vie horribles, à la discrimination, aux arrestations et éventuellement à des emprisonnements indéfinis, incluant les enfants.

De l’Arabie Saoudite à la Palestine même, il semblerait que la situation critique du noir africain (insulté avec le terme « Abeed« ) dans le Moyen-orient et dans le Maghreb soit véritablement pénible. Toutefois, le monde islamique n’est pas le seul lieu arborant un sentiment anti-noir.

C’était le premier ministre Benjamin Netanyahu, qui à une fois, appelé les 60000 travailleurs migrants africains ‘des agents infiltrés’ et une menace pour la fabrique sociale juive d’Israël. Ne pas oublier aussi, Miri Regev, un politicien israélien d’extrême-droite, qui a appelé les immigrés africains, la plupart du Soudan et de l’Érythrée, un « cancer » pour la société. Et malgré le fait qu’il soit le premier pays à reconnaître le Sud-Soudan, Israel continue d’harceler et déporter les migrants sud-soudanais, incluant les enfants, dans les zones de conflits.

En plus, de forts sentiments anti-noirs ont été vus pendant la protestation de 2012 pour une politique d’immigration israélienne plus dure, qui a laissé des douzaines d’immigrés africains sérieusement blessés. Et tôt cette année, le gouvernement israélien a finalement décidé d’arrêter les injections de contrôle de naissances imposées aux juives éthiopiennes immigrées; ce qui dans de nombreux cas conduisaient à la stérilisation de fait et ce qui fait suspecter à beaucoup de gens que c’est la raison pour laquelle la population des juifs éthiopiens a décliné de près de 50% depuis 10 ans.

Donc, comme nous le voyons, la vie pour une personne noire de quelque côté de l’échiquier, est plutôt dégueulasse. Toutefois, Kristian Davis Bailey écrit dans un article pour Ebony, Pourquoi les noirs devraient se lever pour la Palestine, une autre raison de considérer une alliance avec la cause palestinienne est que :

« J’ai appris comment la brutalité policière envers les afro-américains et d’autres minorités aux USA est directement liée à la violence en Palestine. Depuis 2001, des milliers de bons policiers de villes américaines sont partis en Israël pour s’entraîner avec leurs militaires ou ont participé à des exercices conjoints ici. Juste quelques semaines avant que la police d’Oakland n’arrêtent violemment un rassemblement Occupy, ils avaient été s’entraîner avec les forces répressives d’Israël et du Bahreïn. En Géorgie en 2006, une femme noire de 92 ans est morte sous les coups de feu de la police d’Atlanta qui avait participé à un programme d’échanges avec des soldats israéliens du contre-terrorisme et de la lutte contre les stupéfiants. Nos gouvernements partagent littéralement leurs ressources et leurs tactiques qui blessent directement nos communautés respectives.

Prouvant une fois de plus qu’une injustice n’importe où est une injustice partout. Et il va s’en dire que ces « injustices » ailleurs, semblent être collées au pied de l’homme noir.
Encore, une partie de moi se demande si les noirs choisissent ceux qui nous haïssent le moins et s’il serait de notre intérêt de ne pas avoir d’opinion du tout ?

Honnêtement, je ne sais pas dans quel camp je vais atterrir, mais qu’en pensez-vous ? Les noirs devraient-ils choisir un camp dans l’offensive israélienne à Gaza ou devons-nous nous écarter et les laisser se démener entre eux ?

 

Traduction de l’article de Charing Ball

MadameNoire