Une autre idée d'éducation en banlieue. Partie 1

Faire du soutien scolaire en banlieue, c’est exactement comme être en perdition sur un radeau en haute mer et ne pas pouvoir étancher sa soif. Autour de soi, une immensité aquatique que l’on ne peut consommer, sous peine de hâter son trépas. Ainsi les naufragés crèvent de soif alors qu’ils sont entourés d’eau. C’est pareil pour le soutien scolaire en banlieue.

 

 

En Seine-Saint-Denis, l’échec et le décrochage scolaire sont tellement courants, sont tellement la règle, font partie des meubles, des spécificités locales. L’échec scolaire est quasiment une caractéristique fondamentale du département.

A n’importe qui en France, quand vous dites 93, il vous répondra : violence, immigrés, racaille, échec scolaire.
Et pourtant, il s’agit de destins brisés pratiquement dès le démarrage, dont les conséquences ne pourront qu’être néfastes pour les premiers concernés, leurs proches et surtout la nation les couvant. ça coûte de former et d’entretenir l’échec scolaire, d’en supporter le poids pendant des décennies. Et l’impression laissée est que les institutions ont montré leurs limites à inverser la tendance et à préserver une certaine qualité d’enseignement en France et notamment, dans ces territoires.

Qu’a-t-il été tenté ? Comment ? Y a -t-il un véritable désir de tenter quoi que ce soit ou les choses sont-telles actées et gérées ?

Trêve d’hypocrisies, d’aucuns pourraient se dire qu’il est sans doute utile de maintenir groupé, d’isoler, de confiner, un ilot de médiocrité pour préserver le reste du système éducatif, éviter la gangrène. Application de la stratégie de containment de Brzezinski à l’éducation. Ce que l’on ne peut détruire, contenons, mettons en quarantaine et assumons. Après tout, cela présente bien des avantages idéologiques, politiques non négligeables et soyons cyniques;

 

C’est rarement des flèches qui en sortent, alors, on en ratera bien quelques-unes, mais pour ce que ça nous coûtera financièrement et humainement de les repêcher, il vaut mieux encadrer cette misère scolaire. Et puis, les bons finissent toujours par s’en sortir. Avec ou sans notre appui, ils s’en sortiront. Les autres ? On les calmera avec le RSA.

 

Je reste persuadé que c’est le raisonnement intime de certains personnages chargés d’apporter des solutions à ce désœuvrement social. C’est difficile d’être aussi obtus et incompétents. 40 ans et ils n’ont rien d’autres dans le sac que les mêmes ficelles inopérantes.

 

150000 jeunes en France qui quittent l’école sans diplôme et l’autre beau jacteur combat avec passion et acharnement les rythmes scolaires.

– Docteur, je crache mes poumons à chaque fois que je tousse…

– Je vois, prenez mes kleenex, ça va vous soulager..

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Caricatural ? Je ne crois pas. Mais, comme de millions de personnes, j’ai la sensation de pouvoir apporter d’autres réponses à ce fléau. Car, rien n’a encore été fait pour combattre ce sinistre scolaire en banlieue. Rien.

Rappelons encore que 150000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme. 150000. Depuis le 11 septembre 2001 que l’Islam est devenu la raison de vivre de la scène médiatico-politique en France, 1.800.000 jeunes sont partis à la casse, avant d’avoir décrochés ne serait-ce que le BEPC. 1800000. Mais 24000 femmes en burqa menacent la république et Dudule, mon pote agriculteur, suicidaire en sursis, estime que Mamadou et Safia menacent sa sécurité dans l’Isère.

Loin de moi l’idée de disqualifier l’apeurement de Dudule ou de moquer la reconquista de nos grands souverains laïcs. Simplement, l’époque appelle des grands hommes, capables de prendre de grandes décisions et d’en assumer les conséquences désagréables. On attend une vision. Ils font de la politique. Je sais que dans le climat de génuflexion obligatoire devant le sympathisant du Front National, les priorités sécuritaires ont la cote, que tout discours dissemblable rapproche immanquablement du benêt, du lunatique, du permissif. Idéaliste, l’injure. Soit !

defile-salon-du-chocolat-2012_1150832Je peux souffrir d’être la chèvre de Mr Desouche, quand je vois le délabrement éducatif des enfants du 93.

 

Eurent-ils été autre chose qu’une majorité de noirs, me serais-je senti concerné ? Je dois à l’honnêteté de dire non.

Ce qui me fait mal, c’est de voir tous ces bataillons de nègres qui vont à l’abattoir, en souriant, inconscients du projet funeste vers lequel leur immobilisme les mène. Nos petits-frères et sœurs se noient par milliers en banlieue et la négrogeosie parisienne de nous les briser avec Guerlain et Chanel.

J’ai trouvé cette photo en rédigeant cet article, celle de la journaliste-femme-chocolat Audrey Pulvar, et je me suis demandé si je devais en rire ou en pleurer. Nous en sommes là (las aussi)…

 

 

Beaucoup aime parler. Je ne suis pas du reste. Néanmoins, si l’État français applique avec beaucoup d’ingénuité sa stratégie de confinement, de mise en quarantaine sociale de cette partie noire de sa chair, il est de notre devoir de nous en saisir,  de mener ce combat contre l’échec scolaire.

Personne ne vous le dira; mais quand des interviewés anonymes disent qu’ils quittent les banlieues car ils ne se reconnaissent pas dans l’enseignement qu’y reçoivent leurs gosses; c’est de vous qu’ils parlent. Oui, c’est de nous qu’ils parlent.

Et même moi aussi, je n’enverrai pas le chat dans une école publique du 93. Même si l’on me payait. Car, je sais pertinemment ce que j’accueillerai au pas de ma porte à 18 ans.

 

L’échec scolaire est le fléau numéro 1 de la communauté noire en France, certainement le fléau numéro 1 en France par ricochet et, nous devons faire face à nos responsabilités de parents, de citoyens et nous atteler à offrir autre chose que ce que je vois, et que nous voyons tous.

 

Je prêche dans le désert, à n’en pas douter ! J’entends déjà les blablateurs rétorquer en chœur :

pour qui se prend-il, ce blédard ?

 

Pour un négro qui a encore honte; contrairement à vous. Oui, j’ai honte de savoir ce que nous représentons ici. J’ai honte de ceux qui nous représentent; ces négros de salons, ces Butler et autres Oncle Tom prêts à toutou pour une gamelle à la table des vainqueurs. J’ai honte, je l’avoue. Quand je vois un noir parler à la télé, je crains le pire. Quand je lis la soumission dans le regard de ce frère prêt à se battre contre moi pour contenter son maître. J’ai honte de l’image que l’on renvoie partout dans le monde. J’ai honte de vivre dans cette plantation. J’ai honte de voir des frères s’y complaire. J’ai honte. On pourrait faire tellement pour changer ou influencer le cours des évènements. Je sais. Je suis un donneur de leçons; je l’assume. Si vous aviez aussi honte que moi, vous le seriez, vous aussi et nous n’en serions plus là.

 

 

Parlons peu, parlons vrai
Avec deux amis, Florian et Charles, nous avons créé ClaireYvesAndré en 2010.

But : proposer du soutien scolaire, à domicile à des tarifs très compétitifs. Moins de 10€ de l’heure.
Comment : en associant les enfants par 2 ou maximum par 3. Le cout de l’heure reste fixe : 30€.

Les parents vivant en HLM (immeubles, quartiers regroupés, tous se connaissent, les enfants vont dans les mêmes écoles, vivent dans le même environnement) ou en pavillons regroupent par binômes ou trinômes leurs progénitures pour des cours de français et de mathématiques au domicile de l’un des parents.

Les étudiants sélectionnés sont les uniques tuteurs. Il est évident que le bénéfice social pour cette classe et notamment pour les étudiants de banlieues qui rament pour trouver des jobs et financer leurs études est conséquent en termes financiers, sociaux et humains.

C’est simple, pratique et cela offre le gros avantage de concurrencer directement le travail illégal puisque les cours au noir vont de 15-20€/h. Avec un trio, le coût n’est plus que de 10€/h pour le parent. Et surtout, les bénéfices de ce type de travail en groupes en terme de motivation personnelle, d’émulation collective et d’efficacité sont très importants. Je ne peux que conseiller la lecture des ouvrages d’Alain Baudrit, professeur des universités et spécialiste français du tutorat.

Donc, je vous disais que nous avons lancé cette société de soutien scolaire en banlieue (pour la banlieue par la banlieue) pour apporter une assistance de qualité aux jeunes décrochés, qui comme vous le savez, pullulent dans le coin. Je tiens aussi à signaler que nous avons pensé immédiatement à une société car nous considérons que les associations et tout ce système structuré d’accompagnement de la misère, font partie du problème banlieue. J’y reviendrai dans mes recommandations.

 

Au bout de 3 ans, il est aujourd’hui possible pour moi de tirer des conclusions sur cette expérience très instructive malgré mes nombreuses déconvenues.

 

 

Constats simples suite à la création de ClaireYvesAndré. (Aucune vérité scientifique dans ces propos. Simplement le produit de 3 ans de terrain)

 

Malgré tous nos efforts, notre société n’a jamais décollé.

 

Les familles n’ont visiblement aucun intérêt pour le suivi scolaire de leurs enfants. Très peu d’appels d’information par exemple

 

Les familles qui nous appellent pour avoir des précisions sont très largement d’origine caucasienne, suivies des familles maghrébines et enfin des familles noires. La disproportion est importante entre les familles blanches et maghrébines et encore plus abyssale entre les familles blanches et noires.

 

Notre approche du soutien scolaire n’intéresse aucunement les acteurs sociaux du département, et encore moins les médias, vous vous imaginez bien. Mais bon, ça c’est normal, si leurs rédactions étaient remplies de flèches, ça se saurait, ça se verrait. Sans doute, ne termineraient-ils pas dans des journaux municipaux. J’assume mes propos sur ces journalistes du 93 qui pour moi, font partie de ce système de plantation propre au département.  Rappelons que depuis 50 ans, sur les 40 mairies du 93, 0 maire noir, arabe, chinois ou paki. Évidemment, vous les retrouverez adjoints aux sports, à la démocratie locale et toutes sortes de joyeusetés.

Donc, j’estime qu’en temps de vaches maigres, des villes pauvres comme les nôtres n’ont pas à entretenir ces cohortes de d’agents de communication, payés une fortune avec nos impôts (villes pauvres, rappelons-le) pour diffuser les désidératas de leurs édiles révérés.

 

Les familles noires intéressées ne sont pas prêtes à payer 10€ pour leur enfant et mieux, la plupart me demande toujours si c’est à moi de venir dans leurs quartiers pour rechercher d’autres enfants avec qui former leurs duos ou leurs trios.

 

– Le conseil que nous avons  le plus reçu avant, pendant et probablement après : créez une association, vous aurez des aides et ça marchera car votre projet a un but social évident.

La mentalité est donc à ce parasitisme social que nous combattons par notre action et à la perpétuation de cet assistanat qui est le cancer de nos esprits banlieusards.

 

Cela me tue de le dire mais pourtant, il faut bien constater que je ne suis pas le chef d’entreprise que j’aurais rêvé d’être. Il y’a beaucoup de moi probablement dans cette situation peu flatteuse et je me félicite simplement d’avoir évité de ruiner mes deux associés dans cette aventure.
Je déteste la pleurniche mais je dois néanmoins constater que lorsque Florian tenait le standard téléphonique, j’avais davantage de visites et de retours de la part des parents qui appelaient. Disons que mon accent camerounais ne plaide pas pour notre cause. Et je le conçois aussi. Après tout, même moi aussi, je m’interrogerais si un chinois me vendait du fromage. Donc, je peux concevoir que le prospect ait des réticences envers moi. Ce qui m’atterre par contre, c’est que la plupart des échanges avec des familles noires soient toujours compliqués, dirons-nous. Ma conviction est que, dans toutes autres communautés, ClaireYvesAndré aurait percé immédiatement et serait portée et supportée par la communauté. Dans la communauté noire, nous ne brillons malheureusement pas, par notre solidarité. Ceci explique sans doute cela.

 

Les bons résultats, certes peu nombreux que nous avons eu, sont néanmoins probants. Je pense à la petite Angelica qui était à la dérive au CM1, contrainte à redoubler et qui est aujourd’hui cette fillette qui est passée en 5e avec 14 de moyenne. Guillaume, Marthe, Dominique, Elliot, Pierre, Antoine… Et tous ces gosses que j’ai eu la chance d’accompagner vers la réussite. ça marche. Le soutien scolaire n’est pas la panacée, c’est sûr. Mais, c’est un bon complément à l’école et les familles privilégiées sont bien placées pour le savoir. Sauf qu’une gauche moraleuse trouve cela dangereux pour « l’équité sociale »; mais se l’autorise pour leurs propres enfants. Vous savez, ces gens bien, qui savent toujours mieux que vous, ce qui est bien pour vous.

Aux pauvres, associations et travail illégal; aux riches, niches fiscales et privilèges.

 

Sorti du 93, l’accueil de notre approche de soutien scolaire n’est pas non plus  terrible. Malgré le fait que nous ayons communiqué et essayé pendant ces années de rendre visible cette alternative à l’assistanat et aux niches fiscales inefficaces des services à la personne (50% d’exonérations fiscales pour les familles de riches. Cela n’a rien changé à la face du travail illégal dans le soutien scolaire. 80% du soutien scolaire est toujours aux mains du travail au noir. Par conséquent, quelle efficacité pour cette formule d’assistanat pour fortunés ?). Clairement, la mentalité générale est à l’assistanat pour tous et notamment pour les plus aisés. Tout autre discours ne trouve aucun écho sur la scène socio-politique. De bons chiens dans les niches veillent (suppression exonérations fiscales pour les cours à domicile, mais pas pour le soutien scolaire à domicile. Le soutien scolaire à domicile n’est pas un cours à domicile. Comprendra qui pourra.)

 

Certains me demandent toujours pourquoi je m’acharne à proposer un service à des gens qui n’en veulent pas?

Parce que je veux que ClaireYvesAndré soit la verrue sur le beau visage de cette France du parasitisme social et de l’assistanat institué.

A Rome, fais comme les romains, dit l’adage. Eh ben, non ! Je refuse de profiter d’un système de parasitisme social (niches fiscales, associations,…). Sans doute, suis-je con. Mais j’aime ma connerie heureuse. L’on peut avoir du soutien scolaire à domicile à 10€ pour toutes les familles et notamment les plus modestes, les premières concernées par l’échec scolaire. Avec ClaireYvesAndré, nous l’avons prouvé. Nous ne participerons pas à cet arnaque social ridicule où nous avons des assistés qui se croient entrepreneurs et respectables. Nous n’avons pas la même idée de l’entrepreneuriat.

Et concernant l’éducation, je pense que c’est dure, que cela doit être dure pour avoir de l’importance. Il faut du sacrifice, de la discipline, du travail pour avoir des gamins bien éduqués. Il faut que cela fasse mal pour que les parents, les enfants engagés dans cette éducation, en tirent le plus de bénéfices. Comment participer à un système qui réclament des efforts de concentration supplémentaire des gamins et qui est lui-même adossé à de l’assistanat ?

 

Si vous pouvez avancer 30€/h pour le suivi de votre enfant, souffrez de ne pas être remboursé de 15€ par l’État. Cela vous fera prendre conscience du sacrifice réel que vous opérez, votre gamin le notera aussi et prendra avec plus de sérieux et d’application les cours qu’il reçoit à la maison. Et pour les familles modestes, le fait de mettre 10€ de sa poche pour renforcer son enfant est encore plus impactant dans son engagement.

Tout ce qui est gratuit n’a aucune importance. Et n’oubliez jamais que 50% des français actifs gagnent moins de 1500€ par mois. C’est dans ces couches que se trouvent l’essentiel des enfants en échec scolaire. Créer et maintenir un système de niches fiscales pour les familles de riches concourt à perpétuer l’échec scolaire en France. Car, les familles pauvres n’auraient pas les moyens de payer 30€/h pour chacun de leurs enfants en perdition.

L’on ne peut réduire la lutte contre une éducation pitoyable au soutien scolaire. Je le conçois parfaitement. Il y’a déjà tellement à faire pour essayer d’élever le niveau d’exigences de l’enseignement public dans ces zones de dévastation scolaire.  Ce sera mon premier axe de suggestions.

 

 

 

 

Mes axes de travail pour une meilleure école en banlieue

 

 

– L’école
Partie 2 : à suivre

 

 

 

 

 

Osez le bon sens !

YDM

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