Loi sur le voile intégral : « On a créé le monstre qu’on voulait éviter »

Niqab, Muslim Women...A Muslim woman wearing the full face covering "Niqab" head covering during morning rush hour in the City of London.

Ce sera un anniversaire sans bougie. Dimanche 11 octobre, la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public aura cinq ans. Cinq ans que le port du voile intégral est passible d’une contravention de 150 euros. Qui n’a pas réussi à décourager ce signe d’appartenance à un islam radical. Vendredi 9 octobre, Rachid Nekkaz, un homme d’affaires algérien, est allé régler de sa poche la contravention d’une de ces femmes. La 973e. C’est la manière qu’a trouvée ce bon communiquant pour lutter contre une loi qu’il juge liberticide. Il dit l’avoir « neutralisée » avec ses deniers. L’amende de vendredi avait été infligée à Stéphanie L., une convertie verbalisée devant l’école de ses enfants, à Nice. « C’est sa 11e amende », relève M. Nekkaz.
Régulièrement, le gouvernement se voit reprocher la mauvaise application de ce texte promulgué par Nicolas Sarkozy. En juin, sur France Inter, Henri Guaino jugeait ainsi que la loi n’était « pas appliquée ». Le 1er octobre, encore sur France Inter, Valérie Pécresse, chef de file du parti Les Républicains aux élections régionales en Ile-de-France, réitérait : « Est-ce que vous tolérez que, sur le sol français, la loi française qui interdit le voile intégral ne soit pas appliquée ? »

« Pas si grave »

Au ministère de l’intérieur, on démontre le contraire : il y a eu 332 verbalisations en 2012, 383 en 2013, 397 en 2014 et 200 sur les neuf premiers mois de 2015. Des chiffres stables mais faibles. Plusieurs verbalisations renvoyant parfois à une même personne « multirécidiviste » : une femme a par exemple été contrôlée à 33 reprises.

Pourquoi si peu de verbalisations ? « Depuis le début, nous avons dit que ce serait difficile à appliquer, fait valoir Nicolas Comte, porte-parole du syndicat Unité SGP Police FO. Mes collègues y réfléchissent à deux fois avant de se mettre dans des situations compliquées dans certains quartiers. Et puis les services sont débordés, donc la question se pose de les mobiliser sur une infraction pas si grave. » En somme, « le jeu n’en vaut pas la chandelle ». En de très rares occasions, la situation a pu dégénérer, comme à Trappes (Yvelines) où, en 2013, un contrôle d’identité mouvementé sur une femme intégralement voilée avait entraîné trois jours de violences urbaines.

 

Lydia Pascual

Le Monde | • Mis à jour le

 

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