[PPR] Les trois fautes capitales d'Houphouët-Boigny ou l'historique naufrage d'un capitaine mal inspiré

Dans l’histoire de la jeune Côte d’Ivoire, l’image d’Houphouët-Boigny demeure en ce début du XXIe siècle une référence essentielle. Cependant, depuis quelques années, elle est sérieusement bousculée par celle de Laurent Gbagbo apparaissant de plus en plus éclatante parce que chargée d’un symbole qui parle au cœur de l’humain : la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes.

En effet, dans l’Afrique des années soixante à quatre-vingt-dix, Houphouët-Boigny et la Côte d’Ivoire qu’il dirigeait représentaient pour la France et le reste du monde l’Afrique prospère quand elle accepte de marcher à l’ombre tutélaire de son ancien colonisateur. Les puissances européennes ayant lâché leur emprise sur leurs anciennes colonies – qui se débattaient dans les difficultés propres à des états nouvellement indépendants – apparaissaient alors comme de piètres humanistes.

Ardemment opposé à l’indépendance des pays africains, quand l’heure des indépendances sonna, Félix Houphouët-Boigny ne ménagea aucun effort pour arrimer la Côte d’Ivoire et l’Afrique francophone à la mère patrie : la France. Auréolé de tous les qualificatifs inventés par ses parrains – « père de la nation », « le sage de l’Afrique » – il se fit l’excellent ambassadeur de la France auprès de ses pairs africains et son zélé commissionnaire des basses besognes dans les conflits locaux.

Il se montra si soucieux de l’intérêt et du prestige de la mère patrie qu’il oublia l’essentiel : la Côte d’Ivoire. Certes, son rôle de « préfet français », lui faisant bénéficier de toutes les indulgences – et peut-être aussi de certaines largesses – lui permit de donner à la Côte d’Ivoire un visage séduisant qui attirait tous les regards et aussi la jalousie de ses voisins. En effet, en une vingtaine d’années, son pays se révéla, dans ce désert de l’ouest africain, une oasis enchantée vers laquelle accouraient les pauvres hères assoiffés de bonheur matériel.

Malheureusement, bien vite, certains, comme René Dumont – auteur de L’Afrique noire est mal partie, publiée en 1962 – reconnaissant le miroir aux alouettes, crièrent au mirage économique d’une terre en perdition. Rien ne sert en effet de s’ériger en bâtisseur d’œuvres titanesques si les populations ne peuvent bénéficier de soins, payer les études de leurs enfants, si les paysans qui sont les mamelles de l’Etat doivent vivre pauvrement. Ces voix qui s’alarmaient indiquaient que si le peuple restait écarté de la politique qui dessinait son destin, et si les lettrés ne devaient avoir pour seule visée que la place du colon, les grands projets seraient toujours inadaptés et insuffisants pour faire de la Côte d’Ivoire un pays développé. Selon ces esprits éclairés, la contribution volontaire des populations aux décisions politiques paraissait nécessaire pour mieux cibler les besoins et contribuer aussi à une meilleure cohésion nationale pouvant déboucher sur une vraie indépendance économique.

Absence d’héritage politique de sa présidence

Effectivement, sur le plan national, pendant très longtemps, Houphouët-Boigny s’est fermement opposé à tout projet pouvant aboutir à une sortie du giron français. Pour lui, la Côte d’Ivoire devait demeurer rivée à la France par ce que François Mattei appelle si joliment les « trois piliers de la cathédrale françafricaine » : le président du pays est choisi par la France ; l’armée française est installée sur le sol ivoirien ; la monnaie ivoirienne, le franc Cfa – vestige colonial – est contrôlée par la France. Ce qui voudrait dire que l’idéal d’Houphouët-Boigny, c’est une Côte d’Ivoire sous la telle de la France.

 

Lire la suite sur les pages politiques de Raphaël

 

Be the first to comment on "[PPR] Les trois fautes capitales d'Houphouët-Boigny ou l'historique naufrage d'un capitaine mal inspiré"

Leave a comment