[Kronik d'un nègre inverti] Communautarisme

Ce mot est une blagounette républicaine qui consiste à penser que les politiques, les regroupements, les centres d’intérêts et les lieux liés à des groupes, sont une menace pour la cohésion nationale. Mais l’enjeu, c’est que tous les groupes ne sont pas visés par cette critique. En effet, il faut être minoritaire pour que le regroupement, l’intérêt, le lieu ne soit pas seulement un divertissement ou du vivre ensemble. Bref, un simple partage de choses en commun. Quand on est minoritaire, c’est du « repli ».

De quelles minorités parle-t-on ?

Toutes les minorités ne sont pas visées à proprement parler. Je fais la différence entre la minorité au sens numérique et la minorité au sens social. Cela ne se recoupe pas forcément.  Par exemple, les Noirs en France sont minoritaire en nombre (y’en a moins dans l’pays) et en position sociale (ils ne sont pas dans des sphères de pouvoir). Pareil pour d’autres groupes comme les trans’. Alors que les femmes sont majoritaires (en nombre), mais minoritaires en terme de position (elles sont moins dans les sphères de pouvoir).

Mais des gens qui sortent de l’ENA, par exemple,  sont minoritaires (il y en a moins), tout en étant en position hégémonique (ils sont dans des sphères de pouvoir). Toutefois, ce type de groupes hégémoniques n’est jamais visé par les accusations de communautarisme et d’entre soi bourgeois par exemple. C’est ainsi que le communautarisme masculin et blanc de l’Assemblée nationale – quelque peu écorné en apparence (mais pas dans sa reproduction) par les lois paritaires et les nouvelles nominations de F.Hollande, n’apparaît jamais comme tel.  Et puis, en parler  serait « politiquement correct »dit-on.

Donc voilà, ce sont surtout les minoritaires au sens social qui posent problème et qui font craindre de troubler la cohésion nationale. La questin du nombre (sont-ils plus/moins nombreux) n’est pas toujours déterminante.

Pour la République, se rassembler = s’enfermer

Les tentatives de rassemblement des minoritaires au sens social sont stigmatisées. Mais, c’est seulement à partir de ces rassemblements (en personne et/ou via le web) que peuvent émerger des réflexions en commun, des prises de conscience sur les expériences partagées, la transformation de ces expériences en savoir, et l’élaboration de solutions positives pour résoudre les problèmes, que pour le coup on n’hésite pas à nous balancer à tout bout de champs (du genre « la délinquance » pour ce qui est des minorités dites visibles).

Au fond, c’est peut-être cette visée critique et transformatrice des rassemblements entre minoritaires qui les effraient  ?

Quoiqu’il en soit, les catégories dans lesquelles on craint de voir les gens « s’enfermer » existent déjà et façonnent leurs diverses expériences sociales, les amènent à rencontrer tels ou tels obstacles, etc.  Comme s’il n’y avait pas des raisons qui expliquent que les dites minorités se regroupent pour le divertissement, le militantisme, voire la survie (ex : assoc de soutiens aux personnes trans / ou alors sans pap’ etc).

Pourtant, quoiqu’ils fassent, les minoritaires en France, sont taxés de communautarisme. Par contre, les regroupements d’identités majoritaires sont dites « neutres », « normales » etc. Exemple : une boîte remplie d’hétéros = une boîte « normale », « neutre ». Or une boîte remplie de gays = du communautarisme. Autre exemple : le 18e arrondissement parisien est un communautarisme Arabe et Noir, mais le 15e arrondissement…juste un quartier résidentiel « normal ». Sérieusement ?

Le discrédit particulier accordé aux minorités dites ethniques

Il faut préciser en plus que ce sont particulièrement ceux qu’on appelle « les minorités visibles » qui sont les plus visés par les accusations de communautarisme, à droite comme à gauche de l’échiquier politique. Se positionner comme gay, bon c’est pas bien, surtout à droite, mais à gauche ça passe quand même. Mais alors, se dire Noir, quel scandale ! Donc l’analogie entre les différents groupes minoritaires ne doit pas empêcher de penser leurs spécificités, ni leur mise en concurrence.

Intéressant de constater aussi que l’accusation de communautarisme n’a rien d’universel et s’inscrit dans les traditions de pensées (coloniales) de certains pays et pas d’autres. Par exemple en France (ex puissance colonisatrice obsédée par « l’assimilation ») on construit une vision hyper caricaturale de « l’Amérique », du « monde anglo-saxon » qui serait une horreur communautaire.  Du côté des Etats-Unis, les Républicains adressent le même type de reproches aux démocrates (« c’est à cause de vous et de votre politiquement correct que la nation est divisée en communautés). Et puis, comme si en France il n’existait pas déjà des quartiers avec que des minorités dites visibles et des personnes de classes populaires blanches. La différence, c’est qu’en France, on ne peut pas mesurer  statistiquement ce qu’ils vivent et on ne veut parler d’eux que dans un certain sens :

Politiquement correct VS politiquement incorrect

  • la discrimination antinoir/arabe = politiquement correct.

  • Mais, dire « la plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes »= courage politique, intelligence, car politiquement incorrect.

 

 

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