La supra-négritude de Kemi Seba

Ils ont les yeux cernés à force de fixer nos bites. Et c’est bien cela, notre drame. Car, nous n’avons eu de cesse de ne rien proposer au monde que notre anatomie avantageuse. Via le sport, le spectacle et la somme d’évanescences dans laquelle est confortablement installé le nègre. Ils devraient buter sur nos esprits. Plus souvent.

Mon propos ne sera jamais balancé et juste en ce qui concerne Kemi Seba; c’est un frère, pour lequel j’ai du respect et qui matérialise l’idée et l’image que je me fais de l’homme noir. Aussi, Supra-négritude et notamment le triptyque autodétermination, antivictimisation, virilité du peuple, n’est que la formalisation de la vision nègre qui habite tous ceux qui ont le coeur serré quand ils voient l’un des leurs entrain de souiller notre race.

Je le recommande bien évidemment pour de nombreuses raisons dont l’une des plus fondamentales est l’anti-gourouisation, l’anti-mythification de nos leaders; tare qui irrigue depuis des décennies notre communauté. Le plus emblématique étant actuellement Mandela, icône des icônes, tellement héroïsé et intouchable que l’on est en droit de se demander s’il a jamais coulé un bronze dans sa vie.

 

 

Dans la première partie de Supra-négritude consacrée à la trajectoire de Stellio Capochichi, fils de médecin perdu en Alsace et devenu par la force des choses et surtout par la négrophobie ambiante Kemi Seba, il nous retrace la vie d’un nègre à Paris, avec toutes ses contingences, toutes ces réalités tues ou minimisées qui forgent ces esprits soumis, passifs, jouisseurs. Son histoire n’a rien d’original au fond car elle est, à bien des égards, celle de la plupart des afro-descendants : parents issus des classes moyennes africaines (contrairement à la doxa qui veut qu’ils soient tous des boat-people.) qui pour des raisons de mieux-être, décident de s’installer en Europe, déracinement culturel entretenu, culte du mieux que rien, génuflexions éternelles des pères (et paires) et confrontation brutale avec le regard de l’autochtone qui poussent les enfants noirs nés en Occident à se poser la seule question qui vaille : où suis-je chez moi ?

A l’évidence, la plupart d’entre eux ont trouvé des méthodes, des stratégies d’évitement, des échappatoires, pour ne pas affronter la dure réalité (acculturation, whitisation, soumission, assimilation…).

Kemi Seba a choisi très tôt son camp et ne l’a plus jamais abandonné. C’est cela la singularité de sa démarche. Et c’est entre autres, cela qu’il explique dans son livre. Lui s’est extirpé d’abord inconsciemment, puis volontairement de cette masse d’accommodements, de nègres de salons pour un autre destin, plus salissant, plus dangereux, plus ambitieux.

C’est un itinéraire de vie très intéressant car il met en lumière la capacité qu’un homme a toujours, dans un environnement hostile, à s’en sortir. Le verbe, les poings, le courage. Bien qu’étant un bonhomme, Kemi n’en demeure pas moins homme, avec ses défauts, ses habitudes, ses petitesses, ses travers, ses humanités. Cela nous change de tous nos leaders africains purs, sans faille ni péché, tellement exemplaires qu’ils en sont devenus inatteignables, inimitables; des légendes. Cette propension que nous avons à ériger des statues nous empêche d’avoir une continuité, une fluidité, dans la transmission des valeurs de dignité, d’honneur, de mérite. Certains diront qu’il s’abaisse pour qu’on le fasse grand (fausse humilité) ou qu’il se raconte pour mieux nous attendrir (technique marketing). Peu importe. Le plus important est qu’il ne pose pas, qu’il ne demande pas à être vu pour autre chose que ce qu’il est, à savoir, un nègre qui ne s’est jamais complu dans la soumission dont s’est affublée sa communauté. Il se remet en cause et par la même occasion, il dresse un constat sans fard sur notre communauté. C’est rare. Et c’est bien.

Nous ne pouvons pas passer notre temps à nous soustraire de nos propres faillites, irresponsabilités, traîtrises, bassesses. Nous sommes la serpillère du monde, le paillasson de tout et n’importe quoi;  et nous sommes responsables de notre état, de notre servilité, de notre indignité. Nous ne devons nous en prendre qu’à nous-mêmes.

Le salut passera uniquement par un redressement des nègres et non, par une plus grande commisération des autres communautés telle que promue par des organisations pleurnichardes pilotées par le système comme SOS Racisme et moi, bon négro- aimez-moi !, le CRAN. Comment être dignes si ce sont des pakat et des nouaches qui nous vendent notre manioc ? Comment être dignes quand ce sont les autres qui décident pour vous ?

L’autre élément majeur qu’il est indispensable de souligner, est sa formation. En effet, beaucoup d’abrutis pensent qu’il suffit de se lever, de se brosser les dents et de monter sur une estrade pour attirer les foules, les houris et les vivats. Le charisme, l’éloquence et la repartie ne tombent pas du fromager. Il faut bosser. Kemi a beaucoup lu, appris, répété, imité, milité, arpenté le bitume, écumé les salles, … avant de prendre la tribune. C’est con à dire mais il faut s’instruire, négros !

Notre communauté n’est pas réputée pour être un grand réservoir de lecteurs. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles on la lui met toujours aussi tranquillement. Supra-négritude met en exergue ce travail de fond, cette partie ingrate du tribun, du penseur, ou du leader. Combien de fois j’ai zappé devant ma télé à la simple vue d’un nègre à qui l’on donne la parole ? Le système s’attèle toujours à mettre en avant des personnes sans fond, sans aucune profondeur, sans aucune culture, osons le mot, sans aucune éloquence pour véhiculer cette image du nègre fainéant, inculte, stupide, bon à être dirigé par les autres car foncièrement incapable de le faire soi-même ou de trouver dans sa communauté des personnes au niveau (ce qui est faux mais pourquoi inviter un docteur pour parler de la banlieue, en lieu et place d’un rappeur, à votre avis ?). Les seuls nègres qui ont un peu de bagout sont toujours issus des rangs des plus soumis, des bounties de service; et bien évidemment, … à dessein.

Kemi Seba, comme vous le découvrirez, a été formé à la parole par la Nation of Islam, le New Black Panthers Party, le professeur Grégoire Biyogo et les nombreux films, musiques et livres lus à Beaubourg et dans les librairies africaines. C’est un autodidacte qui ne s’est pas contenté de sa frustration, de sa colère, des crachats envers les siens pour se saisir du crachoir.

Il est vrai que pour nous autres noirs, s’instruire, c’est se jeter dans les orties. La plupart de nos anciens ont tellement trahi, vendu, souillé notre terre, notre couleur, notre peuple, qu’ouvrir un livre d’histoire est toujours un exercice masochiste. Honnêtement, pour qui s’aime et se respecte, c’est une torture de regarder derrière nous. Et pourtant, c’est dans ces ruisseaux hostiles, dans les livres et plus généralement, dans le savoir que se forgent les meilleurs orateurs, intellectuels, dissidents.

Louis Farrakhan en est un exemple vivant dans le domaine de la dissidence mondiale et dans un cadre français, le travail de décorticage, d’analyses d’Alain Soral (autodidacte aussi) en est la preuve aussi. A chacun de remplir son barda culturel. Quelque part, avoir pour porte-drapeau de la cause noire en France, Dieudonné, un humoriste, dénote de notre incapacité à générer des leaders. La source tend davantage à tarir qu’à s’enrichir. Depuis que Kemi Seba est au Sénégal, que s’est-il passé en France dans la dissidence noire ? Qui a émergé et qui maintient la flamme à part Dieudo ?

Nous devons nous prémunir des vitupérations puériles; adossées sur l’affect, la passion et tellement improductives. Bien évidemment, il ne s’agit pas de devenir des rats de bibliothèques comme nos intellectuels peu dérangeants, peu regardants; nègres de salons et surtout de vestibules (au vu des strapontins qu’on leur laisse), maîtres sans testicules qui ont la glose facile, l’action stérile. Un juste équilibre doit être trouvé entre les burnes, la virilité dans ses choix et ses positionnements et les neurones, la pensée, le savoir qui élève, qui protège, qui solidifie, qui crédibilise. Grandir, c’est apprendre à haïr. S’instruire en grandissant, c’est haïr avec discernement.

Concernant la vision islamique ou atoniste (afro-centrisme), chacun se fera sa propre idée. La religion est une vérole, un cancer en Afrique; profusion d’églises, de religieux de spiritualités de toutes sortes, évangélistes, catholiques, protestantes, musulmanes (je vous passe les subdivisions), baptistes, adventistes (ne pas confondre avec les  adventices,… quoique !), … Je crois que l’homme noir doit se soustraire par tous les moyens de tous ces courants religieux venus d’Asie et qui n’ont jamais été que des instruments malicieux, insidieux de notre domination; des vigies de l’impérialisme, leur soft-power favori qui conforte le miséreux dans la patience, l’attente, la supplique. A tout prendre, vaut mieux aller tranquillement en enfer; ça ne pourra pas être moins pire pour nous !

Il n’y a pas plus croyant qu’un africain; il n’y a pas plus mendiant qu’un croyant africain. Au risque de passer pour un délirant, l’on ferait le plus grand bien à l’Afrique en rasant tous ces temples de la pitié, de la miséricorde (la misère ou la corde, en effet !). Ils n’ont jamais rien fait de mieux pour vous que vous aliéner et si demain la température venait à monter (ça risque d’être le cas, le chômage monte, l’intolérance va avec, comme dirait l’autre !) et l’esclavage à se réhabiliter, il ne fait aucun doute qu’ils s’adapteront;  comme d’habitude. Préceptes et sagesses de circonstances, au gré des dominations, des tendances, des puissants. Tiens, l’esclavage se la coule douce en Mauritanie et nous, à paname, au crachoir, ça ergote sur les fanfrelucheries d’Elle. Aujourd’hui, j’ai appris qu’il existe déjà des prêtres qui appellent au mariage homosexuel! Demain,  quel sera l’appel ? Que de prophètes, de pasteurs, de guides, d’imams, d’escrocs !  Ces mystifications ne font plus partie de mon paradigme.

 

 

La deuxième et dernière partie met en lumière le triptyque : autodétermination, antivictimisation, virilité du peuple. Ce sont des principes auxquels je souscris entièrement et qui ne devront choquer que les mendiants et les partisans d’une Afrique sous domination impérialiste.

Il est temps pour tous de transcender notre négritude, de nous départir de certains fardeaux qui nous alourdissent et nous plient. La jeunesse noire occidentalisée prend conscience de plus en plus de la nécessité de repartir en Afrique pour exister. Il est vrai que qu’un durcissement de la crise ne serait pas de trop pour hâter quelques prises de décisions.

En réalité, comme le dit si bien Kemi, nous sommes des enfants gâtés, nous avons tout et comme ces fils de riches insouciants, assistés et dispendieux, nous nous enfonçons dans cette léthargie, cet état de mendicité qui vérole nos rangs. Qu’il nous interpelle sur nos lâchetés ne peut qu’être un exercice salutaire pour chaque membre de notre communauté.

Tiens, c’est le jour de l’esclavage; les mendiants sont de sortie : ils ont l’autorisation de parler, quelques cacahouètes, quelques sourires, de la pleurniche, des tapes dans le dos et c’est reparti pour un tour.

 

Ce livre donne des réponses et, plus que ça, rappelle le sens du combat de ceux qui ont sublimé la souffrance de la négrophobie pour en faire une chance, celle d’être des hommes et des femmes libres de penser, mais aussi et surtout de se défendre face aux affres du mondialisme lorsqu’ils sont attaqués.
Quatrième de couv

 

Je ne peux que vous exhorter à vous offrir un exemplaire de ce livre. Et bien évidemment, je mets mon exemplaire à disposition dans notre chaîne de lecture.

 

Osez le bon sens !

YDM

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