Can't stop won't stop : une histoire de la génération Hip-Hop, de Jeff Chang

Si vous souhaitez comprendre la genèse et le développement du hip-hop, et notamment du rap, ce livre est indispensable. En tenant compte du contexte américain depuis les années 60 jusqu’en 2000, Jeff Chang raconte tout sur ce mouvement, sur cette génération qui a plébiscité le rap pour en faire la musique la plus aimée par la jeunesse. Tous les aspects sont abordés : les gangs, les portraits des premiers DJs et MC comme Kool Herc, Grand Master Flash, Bambaataa; les conflits sociaux aux USA, le racisme et les brutalités policières, les personnalités qui ont su détecter l’impact de ce mouvement et qui en ont pris les rênes (Russell Simmons, Bill Adler, Heller, Easy E, Dr Dre,…), les tensions communautaires au sein du business rap (Juifs-noirs, textes dits antisémites d’Ice Cube, Professor Proof de Public Enemy, mainmise de la communauté juive sur le business,…) et surtout, l’on comprend comment certains rappeurs ont troqué leurs idéaux pour le cash (Ice Cube boycotté par les commerçants coréens et qui finit par rendre gorge pour vendre, et comment les médias et la presse ont été formatés après l’achat des radios locales par des firmes comme ClearChannel.

 

cant stop wont stop Jeff Chang BI

 

 

Jeff Chang a eu la prétention de retracer toute l’histoire du Hip-Hop, et a clairement réussi son pari. Il balaie tous les terrains de ce phénomène et apporte des clés qui ne sont jamais mises en lumière pour comprendre le rap que nous avons aujourd’hui. C’est riche, c’est sourcé, c’est clair et très pédagogique. Vous saurez tout des dessous très scabreux du Hip-Hop (drogues, arnaque, violences, intimidations, racisme, contrôle, récupérations politiques, impact des politiques Reagan Bush sur son éclosion et celui du Gangsta rap …). A l’évidence, c’est la bible du hip-hop. Incontournable !

 

583 pages; je les ai torchées en 4 jours. Le récit est juste trépidant. Si vous voulez comprendre le rap business et avoir une vision d’une personne qui a directement côtoyer les principaux protagonistes de ce business depuis les premiers blocks-parties dans le Bronx jusqu’aux sommets de Rocafella, Can’t stop Won’t stop (inspiré du slogan du gang des Crips) vous apportera toute la connaissance utile pour comprendre la culture hip-hop.

 

Mon seul regret est qu’il n’ait pas abordé le sujet des songwriters, des paroliers et de son pendant obscur; les  ghostwriters, les nègres. Bien évidemment qu’il cite de nombreux extraits de textes, des punchlines, et encense la plume et le flow révolutionnaire de Rakim; mais il ne va jamais au fond du sujet des textes. Or, il serait intéressant de savoir si les premiers rappeurs écrivaient eux-mêmes leurs textes, ou déléguaient cette tâche à de paroliers reconnus (Cas de Easy E mentionné dans le livre) ou avec une équipe consacrée uniquement à ça dans les maisons de disques. C’est déjà le cas par exemple dans le R’n’B où vous avez des paroliers maison pour les artistes produits par les différents labels des majors. L’écriture est capitale dans le marché de la musique mais demeure toujours dans l’ombre. C’est le parent pauvre de la musique, le cousin du village qu’on évite de montrer lors des dîners. Et pourtant, la mélodie s’évanouit assez facilement des esprits; mais les textes des grands, eux, demeurent éternels.

 

 

 

Jeff Chang est un journaliste américain et un critique musical spécialisé dans la culture hip-hop.  Il chronique pour les magazines comme URB, The Bomb, San Francisco Chronicle, the Village Voice, the San Francisco Bay Guardian, Vibe, Spin, The Nation, et Mother Jones.

www.cantstopwontstop.com

 

 

Can’t stop Won’t stop : une histoire de la génération Hip-Hop,

Jeff Chang, Ed. Allia

25€

 

 

 

 

Osez le bon sens !

YDM

 

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