Battre nos enfants prolonge l’héritage de l’esclavage

S’il peut être dit que les vrais hommes ne frappent pas les femmes, alors nous devrions aussi dire que les vrais hommes ne battent pas les enfants.

Le running back de Minnesota Vikings, « porteur de ballon », Adrian Peterson a été accusé pour avoir battu son fils de 4 ans avec un bâton – une branche d’arbre – dans un acte qui a excédé « une discipline raisonnable » selon le procureur du comté de Montgomery au Texas. Le joueur de football américain a puni son fils pour avoir obligé un de ses frères à cesser de jouer à un jeu vidéo de moto, et Peterson a déclaré que la fessée n’était pas différente de la discipline « qu’il a lui-même expérimentée comme enfant grandissant à l’est du Texas. »

Le garçon aurait de nombreuses blessures, incluant des coupures et des plaies à ses chevilles, ses jambes, ses mains, son dos, ses fesses et son scrotum. L’enfant a dit que son père l’a frappé avec des ceintures et mis des feuilles dans sa bouche pendant qu’il le battait, pantalon baissé, avec le bâton.

Étant un père noir avec un enfant de quatre ans, je ne peux imaginer battre mon bel enfant. Je ne peux et je ne pourrais traiter mon fils comme un esclave.

Le bâton est une institution afro-américaine durable, à la fois craint et révéré. Tout personne dans la communauté noire en a soit entendu parler, soit l’a expérimenté directement, la grand-mère qui ordonne à l’enfant d’aller chercher une branche d’arbre, le bâton qui sera utilisé pour sa propre bastonnade.
Ils disaient qu’il était nécessaire de garder les enfants dans la bonne voie, loin des problèmes et respectueux de leurs aînés.

Mais quoi si l’explication pour ce bâton était bien plus troublant ?
Parfois, les gens agissent sur les bases de ce qu’ils connaissent. Et dans le cas de la communauté noire et de la famille noire, nous ne pouvons nier notre véritable connexion aux temps de l’esclavage et l’internalisation et la perpétuation de notre trauma.

Nous reculons tous avec horreur, peut-être même que nous pleurons, quand nous voyons des captures de brutalités dans les films comme 12 years a slave. Cela semble si familier, trop proche de la maison. Si nous nous éprouvons de la répulsion à la vue des esclaves étant battus, alors pourquoi devrions-nous assujettir nos propres enfants au même traitement ? Le but de ces fessées, de ces flagellations et d’autres formes d’abus sous l’esclavage était clair – dompter et contrôler les personnes noires avec de la cruauté arbitraire, les frapper pas seulement physiquement mais aussi spirituellement et psychiquement, et renforcer le contrôle du maître sur eux.

Dans certains cas, les parents esclaves – qui n’avaient vraiment pas de droit sur leurs propres enfants, et devaient davantage prendre soin des enfants du maître au dépens des leurs – frappaient leurs enfants pour plaire à leur propriétaire, ou pour parer à des punitions plus sévères du maître.

Donc comment cela peut-il profiter de quelque manière à nos enfants aujourd’hui ?

Plusieurs parents disciplinent physiquement leurs enfants, et les gens noirs ne font pas exception. Et une punition corporelle n’est pas illégale dans la plupart des États sauf si elle cause des dommages sévères. Mais juste parce que quelque chose est légale, ne signifie pas qu’il soit juste. Et si vous voulez savoir jusqu’où vous pouvez aller pour attirer les services sociaux avant de franchir la ligne rouge d’abus criminel sur un enfant, alors vous n’avez rien compris.

Des études ont montré que les punitions physiques peuvent avoir des effets néfastes sur les enfants, incluant des changements cérébraux – concrètement « moins de matières grises » – un développement plus lent des facultés cognitives, et plus de dépressions et d’addictions, des faibles résultats scolaires, de l’agressivité et des comportements criminels. La fessée pendant l’enfance augmente les chances  pour cet enfant de frapper d’autres enfants et leurs parents et leurs époux(ses) ou concubin(e)s.

En plus, la fessée n’est pas plus bénéfique que toute autre forme de correction; tout changement de courte durée dans une mauvaise conduite peut revenir à un coût exorbitant.

N’oublions pas les abus verbaux, lorsqu’on dit aux enfants – sans doute agrémenté avec les mots à quatre lèvres – qu’ils sont pour toujours inutiles et sans valeur, et pas aimés. Cette forme d’abus est aussi dommageable pour la psyché de l’enfant que la fessée.

Certains parents utilisent leurs enfants comme des punching-balls suite à leur frustration, reflétant les stress et les difficultés économiques quotidiennes. Et je crois que la force physique est plus facile que la force mentale pour plusieurs, parce qu’ils ne peuvent pas communiquer efficacement avec leurs enfants. Je préfère parler à mon fils, utiliser la raison, les motivations et d’autres formes de corrections non-physiques avec lui. Je ne dis pas que la parentalité ne pose pas de problèmes, et les enfants sont plus intelligents que nous ne l’étions. Mais je veux que mon fils me respecte, pas qu’il ait peur de moi.

En plus, l’idée n’est pas de faire d’Adrian Peterson un bouc émissaire pour les abus sur des enfants. Il est à l’évidence pas seul, et nous savons qu’il y a une multitude de parents comme lui. En tout cas, Peterson doit mettre un terme aux choses horribles qu’il aurait fait à son fils, puisque le système judiciaire doit s’occuper de son cas, et assurément, la NFL le fera aussi.

Mais à la fin, si la poursuite judiciaire, les sanctions de la ligue et peut-être même un joueur déchu sont les seules prises de son cas emblématique d’abus sur les enfants, alors c’est une occasion ratée pour la société, et l’Amérique noire, de gérer ce problème sérieux. Nous devons casser le cycle de traumatismes qui passe d’une génération à l’autre comme l’ADN et soigner les victimes et l’assaillant. Nous devons remettre en cause les normes sociales concernant la définition de la virilité, et de la virilité noire, et la notion selon laquelle utiliser la violence physique contre d’autres est un moyen de les contrôler. Cela inclut les bastions de la testostérone, l’armée et la police, où les abus sur l’enfant et l’épouse sont une lame de fond, et les sports professionnels, où les données sur les violences domestiques sont inexistantes et les arrestations sont plus faibles que pour la moyenne nationale, mais la majorité des arrestations concerne les violences domestiques.

Pour le moment, il est temps de donner au bâton, un coin pour le repos éternel. Gardons-nous de recommencer.

Traduction de l’article de David A. Love, du 15 Sept 2014 pour le compte du site The Grio

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