Le majordome : le nouvel Oncle Tom venu d'Hollywood

Il sort aujourd’hui sur les écrans français, un film qui fait la part belle aux nègres de salons. Le majordome. Je ne l’ai pas vu. Je n’irai pas le voir. Car, je sais déjà quelle soupe Hollywood va me vendre.

 

Soyez dociles et serviables comme ce majordome, négros, cela fera de vous des hommes.

 

L’histoire est belle, un négro engagé sans piston (c’est mentionné dans les extraits publicitaires. aucun piston pour servir. Tu m’étonnes !) à la Maison Blanche va servir 7 présidents américains. Son combat à lui : obtenir l’égalité de salaires entre les majordomes blancs et les majordomes noirs. Il a réussi.

C’est bien évidemment réalisé par un négro aux petits oignons, Lee Daniels, macoumé, et auteur de la mièvrerie Precious. Et l’on ne peut ignorer le message politique que diffuse ce film.

Il s’adresse clairement aux négros des États-Unis et leur donne la voie à suivre pour réussir leur vie de négro aux USA: soyez des  majordomes, de bons serviteurs, de bons pauvres, insignifiants, invisibles, polis, souriants, sans aucune velléité d’émancipation; accepter votre état, votre statut et contentez-vous du peu qu’on daigne vous laisser. Et nous vous honorerons.

Car il en faut du culot, pour oser pondre un film à la gloire de la soumission, de la passivité, de toute une communauté. La même. La seule. La Marie couche-toi là des communautés.

 

Il faut sauver le soldat Barrack. C’est un stratagème grossier pour réhabiliter Obama aux yeux des siens en en faisant un héros ordinaire (1er président noir, prix Nobel et tout le folklore médiatique ne servent plus) et rassurer les blancs américains  (ne vous inquiétez pas, on gère, on tient la maison) car larbin, serpillère de lobbies et de cercles oligarchiques qu’il représente si bien.

Normal qu’il verse une larme; il se voit dans Forrest Whitaker et cela ne peut que lui remonter le moral.

Je suis une merde, c’est vrai ! Mais je suis quand même une belle merde. Je suis au fond quelqu’un de bien.

 

Majordome

 

Il n’y a pas de sous-métier et j’ai du respect pour tous les gens qui gagnent honnêtement leur vie. Mais ne nous mentons pas, un maçon n’est pas un architecte, un chauffeur n’est pas un pilote, un tourneur-fraiseur n’est pas un ingénieur. Je respecte tous ceux qui gagnent durement leur vie mais je refuse que l’on fasse croire que tous les métiers se valent en terme de représentation sociale, de considération et d’influence sociale. Non, la communauté noire se grandirait à être représentée par des médecins, des avocats, des ingénieurs, des chercheurs, des généraux. Combien de généraux noirs en France, à l’exception de Toussaint Louverture, grand héros, s’il en est, de la résistance nègre ? Où sont ces contre-exemples que l’on ne promeut jamais ? Hollywood a-t-il fait un film sur Frederick McKinley Jones, Garrett Morgan, Ernest Just, Howard Lewis Latimer, Charles Drew, Georges Nicolo
Un film (et tout le barnum marketing qu’il draine) n’est jamais innocent. Pourquoi la promotion du film sur le Dr Ben Carson n’aura jamais l’écho de ce majordome ? Travailler l’esprit de ces Bantous, vous en ferez de bons toutous.

 

De là à faire passer un majordome pour un héros (il n’a rien accompli le mec, aucun acte ayant marqué l’histoire, rien. Il a juste servi avec dévotion ses maîtres, qui se chargeaient de faire perpétuer la misère, le racisme et la souffrance de ses frères dans les champs de coton de l’Alabama), parce qu’il a porté le café de Kennedy, cirer les rangers de Nixon ou laver les tee-shirts Lonsdale de Johnson, est juste insupportable. Et quand on apprend que la communauté noire américaine est allée massivement au cinéma pour cette entreprise astucieuse de génuflexion éternelle, on se dit que nous ne sommes pas sortis de l’auberge.

L’Amérique manquerait tellement d’héros noirs qu’Hollywood a fabriqué un prototype idéal; Eugene Allen, Oncle Eugene, Oncle Tom moderne, matérialisation du rêve des puissants de ce monde réalisée par Hollywood, du nègre de maison, porteur d’eau, servile et soumis à son bon maître.

Aucune autre communauté n’aurait toléré cette ode à la servitude, à la lâcheté. Nous, les négros, nous ne trouvons rien à dire; nous consommons. Nous consommons bêtement cette propagande inique; ultime humiliation, énième signe de domination d’un système qui a fait des négros partout dans le monde, des paillassons.

 

Et comme c’est lumineux d’imposer Oprah Winfrey au casting comme la femme de ce fameux Oncle Tom. Il faut savoir que cette femme est juste milliardaire et a une influence insoupçonnable aux USA où le moindre passage dans son émission télé, booste les ventes de n’importe quel produit. Il ne fait donc pas de doute pour moi que la petite coterie de nègres hypes d’Hollywood, la négrogeoisie locale, a su capitaliser sur sa stature médiatique pour vendre cette merde aux noirs américains. Pour la remercier de son entregent, ils lui ont filé un rôle tellement à contre-emploi pour elle qui possède autant de villas à travers le monde que la Maison-Blanche ne comptera de majordomes. Une actrice lambda noire aurait davantage méritée de l’avoir, ce rôle. Mais, business is business. Elle n’aurait pas poussé les négros à remplir les salles. Nègres de salons, toujours traitres à la Nation.

 

Les négros, aimez vos Oncle Tom, soyez majordomes. Servez. Léchez. Baissez la tête. Disposez. Voilà le message. L’histoire ne dit pas d’ailleurs s’il est le seul majordome à avoir servi autant de présidents américains. Et pour tous les naïfs qui avalent tout sans jamais se questionner; si un majordome blanc avait servi autant de présidents, en aurait-on fait un film ?

 

A quand un film sur Foccard et la Françafrique ?

Pour une fois, en France on tient un majordome qui a servi de dizaines de présidents (sous-préfets serait plus indiqué) africains avec une efficacité redoutable. Lui a influencé le monde, notre monde. Ces maîtres ont même fini par devenir ses serviteurs. Lui, mériterait d’avoir un film pour informer, sensibiliser les nègres de salons sur le rôle qu’ils n’ont jamais cessé de jouer dans la spoliation et l’exploitation de leurs frères.

Et pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur le rôle de ces salonnards,

je vous invite à lire cet extrait de l’excellent livre d’Iceberg Slim; Trick Baby.

 

Osez le bon sens !
YDM

5 Comments on "Le majordome : le nouvel Oncle Tom venu d'Hollywood"

  1. Aurélien | 3 mars 2014 at 11 h 54 min | Connectez-vous pour répondre

    et ben comme quoi ton commentaire etait une bonne prémonition… Par contre, je te prie de réserver ta place pour aller voir « 12 years a slave »

    « 12 years a slave » reçoit l’oscar d’Hollywood!!!

    • Magson de Pazou | 4 mars 2014 at 8 h 47 min | Connectez-vous pour répondre

      Je te remercie pour le constat. Et je te rassure : j’y vais ce week-end.

      Cordialement,

  2. Aurélien | 23 septembre 2013 at 9 h 30 min | Connectez-vous pour répondre

    Pourquoi en conclure que la morale soit:
    « Soyez dociles et serviables comme ce majordome, négros, cela fera de vous des hommes. »

    Pourquoi la morale ne serait pas plutot: Battez-vous, luttez pas comme ce majordome mais comme LE FILS de ce majordome, actif des Black Panthers?

    SPOILER: Puisqu’à la fin Le Majordome rend son tablier et fait une déclaration a son fils en lui disant qu’il aurait du le rejoindre plus tôt, en gros que c’est son fils qui a mené la bonne lutte!

    Il ne faut pas toujours voir du négatif parce que le produit vient de nos ennemis (Hollywood/USA) !
    Pour le coup c’est un très bon film avec une très bonne morale! il faut en ressortir en allant de l’avant et en y voyant du positif!

    • Yannick | 23 septembre 2013 at 22 h 58 min | Connectez-vous pour répondre

      Parce que je pense que c’est la morale de ce film. Soyez des soumis, comme ce Majordome et vous aussi, on vous respectera. Mais je ne crois pas à ce type d’émancipation. Je n’en veux pas au majordome d’être majordome, tout métier est respectable et tout homme qui nourrit sa famille honnêtement l’est encore plus. Simplement, je ne choisirai pas un majordome qui n’a rien fait d’héroïque dans la vie pour représenter une image positive, fière des noirs.
      Concernant le spoiler, comme je l’ai dit, je ne regarderai pas cette merde. Qu’il ait rejoint son fils ou non, qu’a-t-on retenu de ce film ? C’est l’histoire d’un majordome qui a servi 7 présidents des USA. Voilà ce qui restera. Par contre, je te prie de réserver ta place pour aller voir « 12 years a slave ». Je ne vois pas toujours le négatif puisque j’irai le voir et je n’ai l’impression que les noirs y seront à leur avantage. Bien au contraire. Mais, il est important de s’édifier, de connaître son histoire et ma foi, le majordome, avec toutes les connotations qu’il implique, est un film nauséabond pour la cause noire. C’est mon point de vue. Nous ne sommes pas obligés de partager la même. Si tu en as puisé du positif dans ce film, c’est bien.

      Cordialement,

      Ydm

  3. LEcritiquedepub | 12 septembre 2013 at 9 h 51 min | Connectez-vous pour répondre

    “Au service de sept présidents, il a traversé trente ans d’histoire”.
    Voici le slogan policé placardé sur l’affiche de sortie du film “Le Majordome”, en tout cas en France.
    Car, une fois n’est pas coutume, les affiches de teasing américaines sont bien plus engagées (et aussi plus réussies selon moi).
    Pour lire la critique de l’affiche du Majordome, c’est par ici http://www.lecritiquedepub.com/majordome/

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