Iceberg Slim vous explique le rôle des salonnards

 

Avis aux salonnards

Iceberg Slim (né à Chicago le 4 août 1918 et mort le 28 avril 1992), alias Robert Beck, de son vrai nom Robert Lee Maupin, est un écrivain américain.

Il fut l’un des écrivains afro-américains les plus influents avec Pimp, son autobiographie parue en 1969, où il expose sa vie de proxénète (pimp signifiant littéralement « mac »). Ses descriptions crues et réalistes du milieu sordide et très violent où il évoluait (il battait « ses » prostituées avec un cintre en fer qu’il avait torsadé) exercèrent une grande influence sur la culture afro-américaine et sur le hip hop en particulier (par exemple sur des rappeurs comme Ice-T ou Ice Cube, qui lui doivent leur pseudonyme). L’écrivaine américaine Sapphire, qui a préfacé l’édition française de Pimp, écrira : « Quelle que soit la désapprobation que nous inspirent sa violente misogynie ou son analyse défaitiste des possibilités de progrès social pour les Noirs, nous sommes obligés de reconnaître qu’il y a une vérité à découvrir dans l’histoire de cet homme. »

Source : wiki

Salonnards, si vous voulez savoir quel est votre rôle dans la société.

Le capitaine passa la langue sur ses lèvres et bafouilla :Brad, je ne marche pas. Que faites-vous de tous ces négros que vous, les libéraux, vous avez sortis des ghettos pour leur donner des places dans le gouvernement et dans l’industrie ? Vous, les libéraux, vous avez mis des cols blancs autour de leurs cous noirs ; nous, les conservateurs, nous n’y sommes pour rien. Vous avez trahi la race blanche et laissé les négros envahir notre société blanche.

Mr Wherry soupira et dit : Pete, il est tragique de voir combien vos informations sont inexactes. Il y’a en réalité deux ghettos. L’un est physique, l’autre psychologique. Il est vrais que nous avons sélectionné certains nègres pour porter des cols blancs.

Presque tous se sont évadés physiquement du ghetto, avec notre aide, bien sûr. Nos motifs sont tout d’abord de renforcer notre image libérale par des campagnes de presse bien orchestrées.

Deuxièmement, ces nègres que nous semblons libérer sont précisément ceux d’un type peu courant qui possèdent une intelligence et une formation universitaire. Il nous faut les séparer des masses noires bouillonnantes.

Si nous ne le faisions pas ils pourraient servir à ces masses sans cervelle de têtes pensantes contre la race blanche. Maintenant, Pete, irais-je trop loin, me suivez-vous encore ?>>

Le capitaine semblait comprendre enfin que toutes ses bombes n’étaient que des pétards mouillés. La sueur coulait sur son front tavelé. Il fit oui d’un signe de tête, l’air accablé.

La Déesse, à côté de moi, tremblait de joie. Je savais que je ne pouvais pas en supporter beaucoup plus. Mr Wherry sirota délicatement son champagne. Il nous adressa un sourire espiègle. Je résistai à la folle envie d’envoyer mon poing sur sa bouche de coquette. Je parvins à lui rendre un maigre sourire à la pensée soudaine que, grâce à ma peau blanche, j’avais accès à des informations de la bouche même de ces racistes.

Il fit un geste gracieux de la main dans l’air sanctifié de la salle d’apparat et dit : Pete, je vous suis reconnaissant de votre compréhension. Voyons que les différences extrêmes entre le monde nègre et le monde blanc vont nous fournir les moyens de neutraliser et de retirer le venin de ces évadés en col blanc des ghettos.

Brièvement décrite, la technique est la suivante. Le nègre libéré, qu’il soit dans la politique ou dans les affaires, ne va pas entrer dans le monde blanc sans trembler. Ses peurs, son sentiment d’insécurité viennent de l’apparence insolite, inconnue, de cet étrange nouveau monde.

Au-delà, bien entendu, agit son fort sentiment d’infériorité même s’il le dissimule bien. Il éprouve le besoin immédiat, pressant, peut-être inconscient, de se conformer aux mœurs, au protocole de ce monde nouveau. Il a une peur mortelle de violer ses codes de façon évidente.

Sa terreur est que ses protecteurs blancs remarquent ses erreurs et le renvoient dans le ghetto. Il se contraint à contrôler ses émotions et à se conduire avec patience et urbanité.

Nous le flattons à mesure qu’il devient plus semblable à nous. Son identité, ses féroces antipathies raciales, s’il en a, se dissipent, se perdent peu à peu. S’il a du mal à accepter ce moule, nous nous moquons de lui et nous soulignons son ridicule.

On ne peut pas se conduire comme un nègre dans un environnement blanc civilisé. Nous écoutons avec compassion ses demandes, maintenant imprégnées de culpabilité, d’aide pour ses frères noirs dans les ghettos.

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Il a perdu sa capacité à les diriger pour nous faire mal. Si ce n’est sa négritude, sa façon de penser, son goût pour le confort individuel en ont fait l’une de nos armes. Il nous aide sans le savoir à mener la guerre sans concession contre sa propre espèce.

Il vous faut me pardonner, Pete, si j’ai été quelque peu pédant dans mes explications. Mais je suis profondément et personnellement impliqué dans ces questions raciales.>>

La Déesse dit :Daddy, tu n’as jamais été aussi brillant. J’en ai la chair de poule. Mais que fais -tu des filles comme celle qui était malmenée ce soir au cinéma par cette brute ? Ne devrions-nous pas les sauver ?>>

Mr Wherry sourit plaisamment. Il examina un moment ses ongles soigneusement limés.

Il la regarda avec affabilité et dit : Whisty, ma précieuse, ces filles sont de la matière fécale, la lie, les sédiments au fond du tonneau social.

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La Déesse mordit sa lèvre et dit : >

Page 283-284

Trick Baby est actuellement proposé dans notre chaîne de lecture, tout comme Mama Black Widow et prochainement, Pimp.

Trick Baby

Iceberg Slim

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Osez le bon sens !

YDM

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