Fleur de négro

 

Moi aussi
Tous les jours
Sous mes beaux atours
Je mets du parfum

Fleur de négro
Une senteur velours
Qui irradie le métro
Agace le nez grec de Martin

Et tous ceux qui l’entourent
Se retournent
Se détournent
Car, approche

Celui qui ressemble
Il vous semble
Comme deux grains de sable
A celui qui fait les poches

Fleur de négro
Et l’atmosphère devient exécrable
Fleur de négro
Et à vos airs irrespirables

La rame se vitrifie
Se vide,
S’évite
Seuls mes semblables s’invitent

Au concert des silencieux anxieux
Des terrorisés pétrifiés mais policés
Et le silence devient évocation
Un échange malencontreux

De regard, perçu comme provocation
Effet Fleur de négro
Flagrance exécrée de la France préférée
Fleur de négro

Et mon voisin rentre sa brioche
Pour se rappeler sa défunte virilité
Fleur de négro
Et la parisienne serre son mioche

Le vieux change de siège
L’alerte instinctive de Blanchette
Se lève quand je quitte enfin la banquette
Guerlain s’élève, Les cœurs allègres se déneigent

Les rues clodoaldiennes m’avalent
Mais les yeux des badauds l’inhalent
Je fends la méfiance caucasienne comme Moïse
Une dernière clope avant que l’entreprise

M’épuise
8 heures à tuer
Dans ce cadre trompeur
Plus qu’une odeur

Qui se diffuse
Le flouze
Redevenu inodore
Fleur de négro s’harmonise

Dans le décor
Il arrive même qu’il vale de l’or
Quand celui qui le met
Rapporte beaucoup de blé

Moi aussi
Tous les jours
Sous mes beaux atours
Je mets du parfum

Fleur de négro
Un arôme balourd
Qui irradie le bureau
Et agresse le nez fin des unaus

 

 

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