C’est un livre de coloriage pour enfants d’un type insolite. On y voit des porcs habillés en policiers. Dans l’un d’entre eux, un porc a peur de l’homme noir derrière lui et s’en prend, par frustration et couardise, à un petit enfant noir. Dans un autre, la légende dit : « Un porc est un porc et ce sont tous les mêmes ». Un premier porc est habillé en combinaison anti-émeutes, le deuxième en simple ilotier, le troisième en officier de bureau. Un dernier dessin montre une jeune femme noire svelte avec une coupe de cheveux faisant penser à la militante Angela Davis. Elle brandit un flingue contre un porc, et la légende en forme de comptine dit “Run pig run ! Run pig run ! ”. Toutes ces archives sont tirées de la propagande pour enfants des Black Panthers.
Les causes d’une hostilité
On s’en doute : historiquement, cette hostilité n’est pas imputable à l’ADN-culturel noir mais repose sur une police pendant longtemps monochrome, dont les politiques de recrutement l’apparentent à une sorte de guilde puissamment défendue par des syndicats conservateurs. En outre, la grande majorité des émeutes lors de ces « longs étés chauds » (long hot summers) fut causée par des violences policières. Mais ces émeutes suscitèrent une incompréhension considérable chez beaucoup de blancs, car elles eurent lieu quelques mois ou années après la reconnaissance des droits civiques. Cette incompréhension est illustrée par les unes des grands magazines d’actualité de l’époque : Time, Newsweek, etc. L’opinion publique blanche fut majoritairement abasourdie par ce que de nombreux militants noirs avaient pourtant anticipé. Martin Luther King, par exemple, multiplia les visites d’apaisement à Los Angeles quelque temps avant les émeutes du quartier de Watts.
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