J’ai fait un lent et long voyage
Sur les rives de la paternité
Dès ma prime giclée
J’ai joui dans les filets
De l’amour avec un petit a
A petits pas
J’avance vers l’éternité
Tranquille sous l’orage
Comme un aï, trahi
Par l’acné de mon adolescence
Je frise l’obsolescence
Comme un Bourbon
A 34 ans, j’enfante des quatrains
Quand les hommes s’enchantent
Pour des frocs boueux de bambins
Vanités de l’époque
Et c’est moi, le snob !
Maman se fait du mouron
Que restera-t-il de son nom ?
Qui lestera son môme
Aux vraies choses de la vie ?
Selon elle
Je ferais un bon mari
Mais mes errances s’amoncèlent
Sur mon acte de naissance
Le temps se prélasse sur mes rides
Aussi captivant qu’une améthyste
Je suis une larme triste
Montée sur son éphéméride
Chaque nuit,
Je suis le sujet du jour
Et au prochain mail,
Je lui chanterai la ritournelle du sourd
Son espérance est un déchirement
Il suffirait de peu, trois fois rien,
Une pelle, un lit
Une vulve, un accouplement
Pour faire un homme bien
Et c’est encore moi, l’égoïste
Oserais-je être le soliste
De son crève-cœur ?
Je refuse de tomber père
Comme le font les amoureux
Avec ferveur,
Je fais des longueurs dans ma langueur
Ma lâche solitude
Est le bébé de ma plénitude
De mon bonheur sur terre
Y donner la vie me désespère
9 mois de plus que le Christ
Je refuse de renaître dans cette pisse
J’aime beaucoup trop ma progéniture
Pour lui réserver un tel futur
Que la terre des trentenaires
Me soit légère
Peut-être demain
Quand l’espoir aura repavé nos chemins
Qui sait ?
Pour l’instant
Je veux juste être un meilleur fils
Avant qu’elle ne s’éclipse
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