The Triple Package : qu'est-ce qui détermine le succès ? d'Emma Brockes

Ce livre a attiré un tourbillon de controverses. Mais pourquoi la mère tigre Amy Chua et son mari enquêtent sur le succès de certaines cultures et certains groupes ethniques ? La question est : ont-ils raison dans leurs explications ?

Les asiatiques américains comptent pour 5% de la population en âge d’être étudiants, et 19% des étudiants du premier cycle. A Yale, c’est 16%. A Princeton, 19%. Et à l’Institut de Technologie de Californie, où, arguent les auteurs de Triple Package, les admissions sont basées uniquement sur les résultats des tests que sur des combinaisons de résultats et des critères opaques, 40% des étudiants du premier cycle sont des asiatiques américains.


    
tiger-mom-triple-packageVous devinez pourquoi ceci pourrait être une entreprise chargée de dangers, prêts à faire exploser des accusations de racisme. C’est exactement ce qui est arrivé à la sortie de ce livre aux USA, où il a été décrit comme « une nouvelle théorie méprisable » de « supériorité raciale » (Salon), épousant un « argument raciste » (New York Post), et arborant « des relents inconfortables et racistes » (Forbes magazine).

 

Les auteurs, Amy Chua et Jed Rubenfeld, sont tous les deux professeurs de droit à Yale, et sont un couple marié. Chua est l’auteur de Battle Hymn of the Tiger Mother (l’hymne de combat de la mère tigre), le bestseller et défenseur de l’éducation stricte des parents asiatico-américains. Ce livre est un élargissement de cette thèse qui recouvre d’autres « groupes culturels » aux USA – les Mormons, les Cubains, les Nigérians, les Juifs, les Indiens, les Libanais et les Iraniens – groupes qui, de par des mesures conventionnelles de succès, sont disproportionnellement représentés dans le top des meilleurs universités américaines.

La sensibilité de la réponse de ce livre implique que, étant donné les abus auxquels ce type d’information a été historiquement mis, ce n’est jamais admissible d’agréger des donnés et liens ethniques avec la performance – ce qui est absurde. Comment les groupes se comportent est un domaine d’études légitime, un où l’on peut assurément explorer sans en ressortir avec des stéréotypes racistes.

Que les explicatioss des auteurs pour prouver pourquoi certains groupes souffrent soit valide est une autre question, et c’est un problème avec ce genre de livre dont l’accroche marketing – dans ce cas le « Triple Paquet », une formulation maladroite que les auteurs ont choisie « par absence de mots moins cruels » – est si souvent peu convaincant ou trop vaste pour être significatif.

Les trois facteurs qui forment le triple paquet et détermine le succès, Chua et Rubenfeld argumentent, sont l’insécurité (outsiderdom), un sens de la supériorité et de bon contrôle de son impulsivité, qui ensemble, forme une mentalité puritaine longtemps abandonnée par l’Amérique blanche protestante – une partie de la population qui a maintenant des richesses en dessous de la moyenne. Les immigrés de certaines parties du monde ces jours-ci tendent à posséder ce type de mentalité, et cela représente un avantage. (Que cela apporte ou non de la joie est une question que le livre aborde furtivement).

La mobilité ascendante de certains groupes d’immigrés comparée à d’autres est époustouflant. Ainsi « les américains originaires d’Inde ont les révenues les plus importants de tous les groupes éthniques répertoriés, presque deux fois le revenu national moyen ». Les américains originaires du Nigeria , alors qu’ils ne représentent que 0.7% de la population noire américaines, représentent 10 fois le pourcentage d’étudiants noirs à l’université. Les Mormons font 1.7% de la population et possèdent 10 fois plus les maisons de Floride que la Walt Disney company ». En 2008, selon les auteurs, L’Elgise d’Angleterrre a des investissements de près de 6.9 milliards de dollars (4.2 milliards de livres). Juste 10 ans auparavant, l’église mormone valait 4 fois cela.

Les Mormons ne sont pas des immigrés, mais, Chua et Rubenfeld démontre, qu’ils ont la même combinaison de supériorité intériorisée qui vient de leurs croyances d’être « Élus », une abnégation rigoureuse, et une ambition sociale motivée par le fait d’être en dehors des clous, ce que partagent les immigrés. Les résultats sont visibles à Wall Street : les présidents ou directeurs financiers de Marriott, American Express, Citigroup, Deloitte, Sears and Roebuck et une poignée d’autres firmes sont tous des Mormons, qui, les auteurs spéculent, sont sensibles au scepticisme liée à leur religion et motivés par le désir de se prouver leur valeur à eux-mêmes.

Ce qui semble raisonnable, c’est le fait que, dans trois génération, cette mobilité ascendante s’étiole plus ou moins. « l’assimilation et le succès fragilisent les insécurités et les autres forces culturelles qui ont irriguées les premières et secondes générations à s’élever ». « L’Amérique, les auteurs écrivent,  » est le grand destructeur du contrôle de l’impulsivité. » Un exemple : « de 1950 à 1990, les brillants bacheliers juifs comptaient à peu près pour 20% des finalistes dans le prestigieux concours Intel Science Talent Search; depuis 2010, seulement 7%. » Et il y’ en a plusieurs autres.

Le fait que Chua et Rubenfeld appartiennent à deux des huits groupes étudiés, leur donnent le droit de faire de telles déclarations d’autres auteurs seraient timorés, comme : « les asiatiques sont maintenant hyper-représentés dans les Ivy League schools qu’ils sont appelés les ‘nouveaux juifs’. » Ils font cela avec un regard amusé sur les conséquences de leurs déclarations, et ils ne font pas grand cas des notions de causalité. Les chinois, ils écrivent, ne réussissent pas parce que, comme mentionné ci-dessus, ils viennent d’une « culture éduqué » – le corollaire de cela est que les groupes qui réussissent moins viennent  des « cultures paresseuses » – mais à cause d’importants et nombreux facteurs contextuels, parmi eux le fait que « les enfants chinois sont élevés dans une absence d’histoires à propos de comment la civilisation chinoise est la plus vieille et la plus magnifique de l’histoire du monde. »

Le problème principal est qu’en essayant de rendre attrayant leur livre pour encourager les ventes, les auteurs s’écartent de la rigueur scientifique pour souligner des évidences anecdotiques dans un sens qui ruine une part majeure de leur autorité. L’actualité, des chutes financières à David Blaine devant sur un socle, sont montrés sous l’angle des arguments du Triple Package; en résulte une musique fond très suggestive comme le financier déshonoré Bernard Madoff pris comme excès du triple paquet pour « besoins insatiables ». Ou simplement peut-être qu’il est narcissique. Qui sait ?

J’hésite à faire des suppositions, comme ils font, à propos de l’identité juive sur le mémoire de Greg Bellow à propos de son père, Saul Bellow’s Heart (le cœur de Saul Bellow), qui semble compliqué par un million d’autres facteurs. Et citant les remarques d' »un indien américain professionnel de 23 ans » parlant de l’anxiété éthnique dans un salon de chats ressemble au fruit d’une recherche Google. Comme plusieurs autres livres sur les idées, cela est significatif du fait que The Triple Package aurait pu recouvrir le même champs sur la moitié des pages du livre. tiger-mom-triple-package

Mais il y a beaucoup de choses intéressantes. Les Amish ont un contrôle d’impulsivité extraordinaire, mais aucun intérêt pour le succès conventionnel. « La noblesse victorienne anglaise avait beaucoup de supériorité mais n’étaient pas très travailleurs. » Cela aurait été divertissant de voir les auteurs tacler les Scientologistes, vu leurs fortunes, leur prééminence et leur complexe de supériorité – ancré dans la croyance de pouvoirs magiques.

Ils montrent une étude sur l’influence des stéréotypes et des attentes de plusieurs groupes éthniques et culturels; (Les blancs à qui on a dit que jouer au mini-golf était un test d’intelligence sportive’ ont fait mieux que quand on leur disait de mesurer leurs « capacités athlétiques naturelles ».) Au-dessus de tout, la volonté des auteurs de poursuivre un travail d’investigations que d’autrs ne feront jamais est vivifiante. La conclusion est contre-culturel dans le bon sens, argumentant, plutôt raisonnablement, pour une modification de la culture moderne de gratifications instantanées et un point de vue très large sur le dorlotement des enfants américains.

Cela réaffirme aussi quelque chose qu’intuitivement nous savons – que les histoires d’origine comptent, et que, malgré les influences extérieures importantes, l’histoire que l’on vous permet de dire à propos de vous-même a beaucoup à voir avec comment cette histoire s’achève (se déploie ?).

 

 

Traduction de l’article d’Emma Brockes, journaliste au Guardian

 

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