Rencontre avec Etienne Liebig

A force de jouer son rôle de gauchiste de service, fonctionnaire râleur, amateur de femmes, de chair, de jazz, Étienne Liebig a vraisemblablement entaché son travail d’essayiste. En tout cas, il n’a rien fait pour le servir. C’est d’ailleurs assez saisissant : l’image ne colle pas vraiment avec l’analyse franche de la banlieue qu’il opère et qui, manifestement ne devrait souffrir d’aucune contestation.

 

Pour preuve, son observation de la police en banlieues (Chapitre dédié aux jeunes flics dans les nouveaux cons et dans le traitement des émeutes de 2005 dans l’autre livre), antérieure à celle de Didier Fassin, aujourd’hui célébré. Cela n’entame en rien le travail de ce dernier, que nous commenterons d’ailleurs sur papapedago.

Liebig n’a pas passé 2 ans à squatter dans les locaux et les 306 de la BAC, et n’a pas mené de dures et longues équations sociologiques et anthropologiques pendant de longues années, pour un rendu aussi fluide de 392 pages. Il a juste 32 ans de terrain comme travailleur social et quelques feuillets sur l’objet du délit. C’est pauvre.

Mais force est de constater qu’il faut qu’un chercheur adoubé, débarque de Princeton, (ou Vaison-les-intellos certifiés), dans un commissariat de banlieues, pour qu’on finisse par admettre ce que tant de personnes, de rappeurs, d’acteurs de terrain comme Liebig et même certains sociologues (Mucchielli, à vérifier) ont dit et redit avec grande peine.

Il serait d’ailleurs intéressant de se demander pourquoi ce discours se fraie actuellement un chemin dans les médias… Ave Terra Nova ? Le talent de Fassin ? Sans doute !

Attention, livre à forte charge nucléaire. De 2005 à 2007, le sociologue Didier Fassin a suivi une équipe de la Brigade anticriminalité dans une agglomération sensible de la région parisienne. Son constat va à l’encontre de nos représentations. Non, l’insécurité dans ces quartiers n’est pas si endémique. Non, les démonstrations de force ne servent pas l’ordre public. Il l’explique ici. P. Prevel

En effet, son constat va à l’encontre de vos représentations !

Il aurait suffi à tous ces analystes chevronnés de la banlieue de se fier aux textes parus pour éviter aujourd’hui, de s’extasier sur une réalité bien connue des habitants de ces quartiers depuis leurs premières paires de Nike. Mais comment se fier à ces propos quand leurs auteurs sont si peu crédibles ?

Un jeune qui ridiculise un journaliste, probablement grand quelque chose, avec Bintou, femme de polygame et mère de 8 enfants, et le landerneau ne se rend pas compte de la désinformation qui a cours sur la banlieue, depuis des décennies. Ils en sont encore à rechercher sa remplaçante en vue des élections. Jusqu’à ce qu’un jour, un éminent sociologue venu de Winnipeg, Foreign Advanced University of Xushimishura, découvre que la banlieue est le théâtre de tant de fantasmes et de mythomanies socialement intégrés. Par ailleurs, nous serions heureux de le recevoir au plus vite !

Il est toujours assez pénible de voir des personnes venir de Bab-el-Oued, tirer les marrons du feu quand d’autres, moins connus, ou plus justement, moins reconnus par ce système, donneur universel d’apparatchiks, n’ont obtenu que mépris et déconsidération.

Didier Fassin l’a dit. Alléluia ! Enfin ! C’est concevable de le penser.

Cela réveille d’ailleurs en nous le souvenir de ces journalistes suisses qui ont daigné faire leur boulot en passant 3 mois dans une cité pendant les émeutes; avant de lui léguer un blog. Ils ont tous crié au génie journalistique. Tout juste si l’on ne leur décernait pas un Pulitzer et la direction de leur feuille de chou, toujours inconnue à Bondy !

Pour en revenir à Étienne, nous avons découvert ses travaux, il y’a quelques semaines, au détour d’une plongée assez improbable dans ses écrits. Son regard est assez pertinent sur la banlieue et sur l’époque. Malheureusement, il ne fait pas corps avec ses idées. Loin de là. Il passe pour un gauchiste (vrai) assez débonnaire, plaisantin, certes grande gueule, mais jamais pris au sérieux, car gauchiste, débonnaire, et plaisantin.

Et pourtant, Les pauvres préfèrent la banlieue est une vraie immersion dans cet univers complexe et mal connu. Son propos est parfois assez courageux et à contre-courant du dogme, ce qui est assez rare. Et surtout, il est accessible, concis et agréable à lire.

Disposant de très peu de personnes légitimes, ayant un vrai discours analytique sur cet environnement, nous avons sollicité un entretien avec lui pour échanger autour de ce sujet qui fait consensus dans le paysage politique : les uns préposés à l’attaque; les autres, les gens bien n’est-ce pas ?, préposés à la défense.

Voici les liens dont il parle, sur les propos de Nadine Morano et ceux de Valérie Pécresse.

Mr Liebig a eu l’amabilité de nous offrir l’un de ses livres érotiques. Nous l’inscrirons dans la chaîne de lecture.

Osez le bon sens !

YDM

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