Rap inconscient, sale, authentique, rap business : rap tout simplement !

Il faudrait que le rap soit comme ci ou comme ça pour satisfaire les exigences de certains puristes qui aiment faire intervenir la morale dans leurs jugements. Le rap serait trop hardcore, trop cru, trop inconscient, trop sale, trop pas bien

Je sais qu’il est de bon ton de souhaiter un rap conscient, moins américanisé, engagé sur les problématiques des jeunes et des banlieues. Je n’attends rien de particulier du rap, juste qu’il me procure de bonnes émotions. Je me contenterais volontiers d’un MC qui me parle de rien, mais avec talent. Conscient, inconscient… On s’en branle tant que c’est bon.

Ce qui me fait le plus de peine dans le rap actuel, c’est l’abandon progressif du style, du texte. Qu’il ait des artistes qui souhaitent surfer sur la modernité pour se renouveler, vendre ou suivre leurs auditeurs ne me choque pas réellement. On ne reproche jamais à Springsteen de s’attacher les services de Tom Moreno pour actualiser son répertoire. Simplement, Springsteen joue toujours très bien de la guitare et propose toujours de belles chansons. Les rappeurs français marquent le pas dans leur créativité simplement parce qu’ils sont profondément limités musicalement.

La pratique du rap requérait peu à ses débuts : une feuille, un stylo. 50 ans plus tard, rien n’a changé : une feuille, un stylo. Et pourtant, le monde a évolué, tout comme le business de la musique.

Les rappeurs français sont nuls musicalement. Leur culture musicale est faible, leur connaissance de la musique est quasi-inexistante, les rappeurs ne sont pas des musiciens. Et donc, ils sont à la merci de l’air du temps. Que faire quand on ne connaît rien à la musique ? Suivre le mouvement, copier ceux qui impriment la tendance. Le rap français n’est plus qu’un champs de ruine artistique: les sons se ressemblent, la manière de poser est similaire, les clips sont similaires, les sujets sont identiques, …

Bref, le rap n’a pas tant évolué que cela. On pose toujours comme untel, on copie, on refait. Une feuille, un stylo. Le rap a pris l’eau car dans ses fondements, il s’est toujours contenté de peu. Une feuille, un stylo. L’ingénierie n’a pas suivi. Aucune sophistication dans le travail, nous n’avons assisté à aucune maturation d’une filière rapologique dans la musique. Ce sont les mêmes qui tiennent les cordons de la bourse depuis le début, qui ne la considèrent guère que comme une cash-machine et qui n’ont pas développé le secteur. On fait au plus simple : on copie ce que font les amerloques et on bombarde les ados avec du marketing. Une feuille, un stylo de la base jusqu’au sommet.

Aujourd’hui, ça se voit, ça pue alors on s’en prend à la vulgarité et aux gros mots. Quand La Fouine harangue la foule avec ses textes primaires (la fête des mères), il exprime en fait les limites de sa pratique. Il ne peut pas aller plus haut car il n’a rien fait depuis ses débuts pour élever son niveau. En fait, il n’ a plus rien à dire.

Sait-il simplement jouer à la flûte ? Comprend-il la musique ? Ou attend-il qu’un DJ lui envoie un son, un beat sur lequel il pourra poser sa voix ? Une feuille, un stylo, un beat. Il est resté au stade embryonnaire. C’est infime et malheureusement, si votre pensée est limitée, votre expression le sera aussi.

On croit qu’ils font du marketing par choix alors qu’en réalité, c’est par défaut. Ils plafonnent dès le premier album. Et comme ils sont réfractaires à la curiosité, ils stagnent et s’étiolent.

Et qu’on ne me dise pas que c’est bien, que ça fait naturel. Il faut évoluer et même ces rappeurs devraient faire évoluer leur art, apprendre et comprendre la musique, explorer d’autres sphères, enrichir leur esprit. Le rap français est frugal. Les rappeurs sont des incultes qui glorifient leur inculture. Ils ont du mal à se renouveler, à créer car ils ne connaissent rien à la musique.

 

 

 

Déballonnons quelques poncifs !

 

 

Rap conscient, rap inconscient. Aucune importance du moment où c’est bien fait. Je kiffe autant sur Hardcore de la Mafia k’fry que sur le cuir usé d’une valise de la Rumeur. Seuls comptent le texte, le talent.

On accorde beaucoup trop d’importances au rap. Laisser croire que des jeunes font des bêtises parce qu’ils écoutent un rap violent; c’est réellement prendre ces garçons pour des débiles mentaux.

 

 

Rap authentique. Les rappeurs devraient ne parler que des choses qu’ils ont eux-mêmes vécues. Avec de telles débilités, je ne suis pas étonné de constater la pauvreté des textes actuelles. Combien de personnes en France ont des vies aussi trépidantes qu’elles pourraient remplir plus d’un album ? Les policiers, les sapeurs-pompiers, les militaires, les avocats, les vrais trafiquants…

Je ne reprocherai jamais à un artiste de fantasmer sa vie, de me raconter des histoires ou de s’accaparer la vie des autres pour la narrer. C’est justement cela, la poésie. C’est enjoliver ou enlaidir la réalité. C’est sublimer son réel. C’est profondément stupide de reprocher à un rappeur de raconter les histoires des autres.

Personne ne se pose la question de savoir si Joe de Hey Joe de Jimmy Hendrix, a vraiment existé et si l’histoire est véridique. Personne.
Pareil, j’entends des rappeurs dire de certains de leurs collègues, qu’ils sont moins légitimes parce qu’ils n’ont pas grandi en banlieues, sont issus de familles aisées ou d’autres milieux sociaux. Reproche-t-on à Shakespeare ou Schopenhauer d’être de mauvais penseurs parce qu’ils sont nés et ont grandi dans la soie ? C’est d’une bêtise absolument sidérante.
On a encore le droit d’aimer et de pratiquer le rap sans pour autant avoir traîné dans la boue. Il serait temps de comprendre que le talent est apatride, illégitime, inégalement réparti. Au lieu d’essayer de se mettre au niveau de Booba, Ekoué, ou Rockin’ Squat, les langues de vipères crachent leur venin. J’ai même entendu qu’on reprochait à certains rappeurs d’avoir fait des études supérieures ou d’avoir été aux USA…

 

 

Rap sale, rap propre. Pareil, il y a un public pour le rap sale et il doit être comblé. Si vous n’aimez qu’Mc Solaar, Alliance Ethnik, Disiz et tous les rappeurs présentables à vos parents; c’est votre truc, et c’est respectable. Il se trouve qu’une partie de la population vibre pour des choses sombres, obscures, et qu’il est normal que des artistes soient inspirés autrement que par le bien. J’aime le rap sale tant qu’il est bien fait. Et je ne vais pas m’en excuser. Personne ne vous met un fusil sur la tempe pour l’écouter.

Quand les intégristes catholiques traduisent Twisted Sisters ou Slayer devant les tribunaux pour leurs textes violents,  sataniques; en France, tout le monde trouve cela ridicule. Par contre, le rap hardcore, gangsta ou appelez cela comme vous voulez, lui, il mérite votre inextinguible courroux. Pour le bien des chères petites têtes blondes. Commode !

Et si ces jeunes de banlieue ont autant apprécié Scarface simplement parce qu’il était un excellent film bien dialogué, avec un casting génial, un bon scénario, alors que les films français de l’époque étaient déjà en phase de pourriture avancée ? Pourquoi vous ne demandez pas des comptes à Michael Mann puisque des braqueurs affirment avoir appréciés son Heat ?

J’apprécie tous les genres du moment où l’artiste fait le boulot et délivrer la qualité. Les mêmes qui ont sauté sur Pour ceux vieillissent et donnent des leçons de morale aux jeunes qui se lâchent sur les punchlines assassines de Kaaris. Doit-on aussi parler de la vie tumultueuse des bluesmen et autres jazzmen héroïnomanes ? Des rockeurs qui ne manquent jamais une occasion de déconner ? Qui donne les brevets d’exemplarité ?

Faut arrêter l’hypocrisie. Sale ou propre, si c’est bon, c’est bon. Le reste, c’est de la liturgie.

 

 

Rap business. On reproche à des rappeurs de vouloir gagner de l’argent. C’est hallucinant ! Pourquoi ne reproche-t-on pas à un écrivain de gagner de l’argent s’il fait un best-seller ? Pourquoi ne reproche-t-on pas à un ouvrier de vouloir gagner davantage ? Pourquoi le rap et les rappeurs devraient-ils se serrer la ceinture alors que les autres artistes se gavent ?

Si vous aimez tant les autres, le partage, le communisme et toute la logorrhée égalitariste, c’est simple : écrivez des livres, des chansons et diffusez-les gratuitement sur internet. Et on saura que vous êtes anticapitaliste. C’est facile ! Faites comme Radiohead. Lorsqu’on vend, c’est pour faire du profit. C’est du bon sens ! Si vous n’aimez pas l’argent, donnez-le ! Mieux; n’en réclamez pas !
On a des crétins qui peignent des bouses qu’on appelle tableaux et ramassent des millions. Les rockeurs font des fortunes, U2 a même investi dans un fonds de pension, mais le rappeur doit rester pauvre. Jay-Z serait le exemple à éviter. Bling bling de rappeurs, méprisable ! Bling bling de Johnny, appréciable ! Hypocrites !

Tout le monde s’enrichit sur leur dos, sauf eux ! Parce qu’ils viennent de banlieues et se doivent d’être partageurs. Soyons sérieux ! Tout le monde essaie de s’élever dans la société et quitter la banlieue par son travail ou d’autres moyens illégaux. Il faudrait que le rappeur se détourne de l’argent, et n’ait d’autres horizons que sa cave.

 

 

Osez le bon sens !

YDM

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