Pourquoi Bill Cosby n'a pas réagi aux allégations d'agressions sexuelles ?

Dans le cadre de l’intérêt renouvelé des allégations d’agressions sexuelles de R. Kelly et Woody Allen, se pose un second regard sur les allégations similaires contre le père préféré de la télévision américaine, Bill Cosby.

Pour l’essentiel, ces allégations qui voudraient que Cosby ait drogué et puis sexuellement agressé 13 femmes dans les années 70 et ensuite dans les années 90, ainsi que l’arrangement trouvé suite à un dépôt de plainte d’une de ses supposées victimes, ont été plutôt maintenus dans le silence. Pour ceux qui veulent plus de détails, vous pouvez vous renseigner sur The Smoking Gun’s timeline of Cosby’s alleged « prior bad acts. » C’est ainsi que les choses se passaient avant les médias sociaux. Cependant, il y a quelques semaines, Newsweek (clairement inspiré par cette pièce sur Gawker) a parlé de Tamara Green, une des 13 accusatrices, qui a dit que Cosby l’a agressée dans les années 70. Sur l’incident, elle déclare :

« Il m’a demandé de l’aider à trouver de l’argent pour un club qu’il souhaitait lancer. Un jour, je l’ai appelé pour annuler une réunion car je me sentais malade, et il a dit, « pourquoi ne viens-tu pas dans ce restaurant où je me trouve, tu te sentiras mieux si tu dînais. » Je me suis assise, et il m’a donné ce qu’il m’a dit être deux pilulles de [des médicaments sans ordonnance]. Je les ai avalées, et 20 minutes plus tard je me sentais bien; 30 minutes après, j’avais la tête dans ma soupe. Il s’est proposé de m’accompagner chez moi. Et là, parce que j’étais si malade, il a proposé de me déshabiller pour me mettre au lit. J’ai commencé à me débattre – J’ai pris une lampe et cassé une fenêtre. Il a finalement quitté l’appartement. Quand je me suis reveillée, j’ai vu qu’il avait laissé 2 billets de 100 dollars sur la table près de la porte. J’étais si sincèrement et profondément furieuse que, malgré les drogues… j’étais affolée. Je voulais lui arracher le cou. »

Dévançant les spéculations qui disaient que Green essayerait de gagner un peu d’argent en accusant Cosby d’agression sexuelle, elle a déclaré qu’elle avait décidé de prendre la parole pour soutenir la première accusatrice, qui était vilipendée par la presse. Et que sa propre vie n’avait pas été terrible depuis qu’elle avait parlé, traitant cette expérience de « briseuse de carrière ».

Cependant, une semaine après avoir parlée à Newsweek, une autre femme de 46 ans, artiste appelée Barbara Bowman, a parlé à Newsweek à propos de ses accusations selon lesquelles Cosby  » a répétitivement, aussi bien émotionnellement que physiquement abusé d’elle » quand elle était une ado. Elle a déclaré :

« Aucun des abus et des intoxications (drogue) n’a eu lieu jusqu’à ce que j’ai 18 ans… Mais dès notre première rencontre, qui a eu lieu dans une salle de réunions dans un night-club à Denver, il m’a fait faire un exercice d’acteur. Premièrement, il m’a dit d’aller dans la salle de bains et de mouiller mes cheveux. Puis, il m’a dit de m’asseoir sur une chaise, de fermer les yeux, et de faire un monologue comme si j’avais été droguée. Et il me touchait le cou et caressait mes cheveux. J’ai été agressé à de multiples reprises de l’âge de 18 ans à 19 ans. Cosby m’avertissait avant des voyages hors de la ville, « tu ne vas pas me résister cette fois-ci, n’est-ce pas ? »

Bowman a dit que la peur des repercussions sur sa carrière l’a poussé à garder le silence jusqu’à là et a même raconté une anecdote dans un cabinet d’avocat où, une fois qu’elle lui a dit qui était son agresseur, l’avocat s’est moqué d’elle avant de la congédier.

Toutefois comme Green, Bowman a dit à Newsweek qu’elle a été encouragée par l’histoire de la première plaignante, disant : « Ma seule motivation est de soutenir Andrea, mon délai de prescription a depuis longtemps expiré. Il n’y a rien de pécuniaire dans ma démarche. C’était strictement le fait d’avoir ma voix entendue et mon histoire narrée. »

C’est le type d’histoire que je ne veux pas croire. Nous parlons d’un gars, qui a joué Dr. Huxtable. L’homme, qui une fois, a fait faire le poney sur ses genoux à Rudy et ses amies (incluant un très jeune androgyne ressemblant à Alicia Keys). Un type qui nous a fait la cour avec ses tasses de chocolat et nous a collées devant la télévision avec ses contes animés de « Fat Albert and the Gang. » Très franchement, qui veut vraiment croire que Le Cos peut être  un personnage de New York : Unité spéciale pour les victimes » ?

Mais nous le savons tous, Dr. Huxtable était juste un personnage de fiction sur un show. Et la marque Cosby que nous avons connue et que nous aimons tant, est sans doute la fantastique création de quelques esprits brillants des relations publiques. La réalité est que, malgré les questions imminentes sur la véracité de ces accusations, Cosby n’a jamais rien déclaré.

Aucun communiqué de presse. Aucune reprobation via ses avocats. Même pas un éditorial. Rien d’un homme, qui est venu récemment parlé contre la cruauté des rumeurs sur internet, qui font l’actualité pendant des mois et débouchent sur des déclarations sur sa mort. Et rien d’un homme, qui ne tarit pas de paroles pour la communauté noire : soit à travers son discours notoire « Pound Cake Speech » donné devant la NAACP où il a engueulé la communauté d’utiliser Ebonics et les mères célibataires d’acheter des baskets pour leurs enfants: ou à travers le Don Lemon show, où il a dit, à ces pères « no-groes » d’élever leurs enfants; ou à travers le New York Times quand il a châtié la communauté entière ne pas être davantage comme les Musulmans noirs (peu importe ce que cela veut dire).

Cosby a parlé de tout, de la décision du Maire Bloomberg d’interdire les sodas dans les écoles à George Zimmerman dont nous ne pouvons pas prouver qu’il est raciste, est subitement aphone. Bien sûr, cela n’est pas une preuve de culpabilité. Mais depuis toujours, nous avons besoin de connaître l’opinion de Cosby, ces accusations seraient une bonne opportunité.

Aussi judicieusement silencieuses sont les légions de fans de Cosby, qui normalement saluent son sens de la responsabilité. Où sont les appels pour Cosby d’être responsable maintenant de ces gens, parmi lesquels plusieurs n’ont aucun problème à attaquer des artistes peu respectables opur des faits similaires ?

Comme Summer McDonald a dit recemment dans sa pièce  #AskBillCosby for Black Youth Project à propos de ses outrages sélectifs :

« Au minimum, les gens devraient être plus consistants avec leurs justes indignations. Mais, comme le silence autour de Cosby le prouve, les gens agissent ainsi quand c’est facile et commode. Personne ne veut avoir à réagir à l’absurde argument comme quoi l’on peut apprécier l’art et pas l’artiste.
Personne ne veut se confronter au fait que les accusations d’agressions sexuelles de Cosby sont une part d’un énorme iceberg qui inclut des éclats of personnes noires honteuses, et qu’il s’en tire avec cela parce qu’il est un homme très puissant qui a pianoté sur les fibres émotionnelles du peuple américain. Le fait est que, cet honteux Cosby, comme dans le cas #askrkelly, ne ferait rien mais servir ceux qui montrent leur activisme de cette manière. Ce serait aussi puissant que ma colère d’apprendre que le feutre Mortimer Ichabod que j’ai eu dans ma boîte aux lettres ne faisait pas de bruit quand je dessine. La puissance est quelque chose de remarquable. Elle fait que le public est réticent à rendre les gens responsables de leurs actes. Mais la honte publique n’est pas seulement à propos de la responsabilité. Il s’agit de rendre les personnes honteuses apparaître comme des gens ayant une rectitude morale irréprochable; cela leur permet de déployer leur intelligence et adresse. Mais ces choses ne peuvent se manifester si le fait de toucher la cible signifie que nous n’aurons pas à nous regarder en face. Donc, nous attendons la plus petite justification pour nous aider à nous prouver que nous sommes dans le bon camp. »

 

Je ne connais pas toutes les pensées d’autres personnes mais les accusations d’agressions sexuelles  sont plutôt sérieuses et je ne suis pas pour donner un sauf-conduit à quiconque; Et alors que le temps a montré qu’il effaçait la mémoire – surtout à cet époque des médias sociaux qui a créée une industrie de l’outrage -certains d’entre nous, n’oublierons pas le temps où un homme, qui prêchait la responsabilité, a subitement refusé d’assumer la sienne.

Par Charing Ball

 

MadameNoire

 

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