Poésie déchirée

Je ne suis pas humble
Parce que je veux l’être
Je le suis
Quand je vois ce que je lis
Quand je retourne les ancêtres
La poésie
La poésie est cruelle pour les contemporains
Elle nous fait passer pour des vauriens
Des forains dans le Walhalla des lettres
C’est à la fois un supplice de la connaître
Et un délice de s’y repaître

Devant le passé,
On se défenestre
Sans cesse,
Les mots admonestent
Nos intimes pensées
Devrais-je cesser d’écrire
Devant tant de beautés prescrites ?
Dois-je trancher ma mine
Maudire ma rime
Puisque nul-littré, c’est la seule qualité
Que je mérite ?

Je ne suis pas humble
Parce que je veux l’être
Je le suis
Quand je lis ce que je dis
La poésie
Est un drame pour les faibles d’esprit
Sous la plume
S’enhardissent mes lacunes
S’anoblit ma ruine

Je ne suis pas humble
Parce que je veux l’être
Je le suis
Quand j’écris ce qui se vit
La poésie, cette pute
Se rit de mes mots
Mort sur l’écha-mots
Pour avoir cru aux vers
Je suis vert
Comme zut !
Quand les vrais
S’échappent des volumes

Je ne suis pas humble
Parce que je veux l’être
Je le suis
Parce que chèvre, il faudrait naître
Pour ne pas l’être
Quelle hérésie
D’avoir une encre aussi mièvre
Et d’espérer mieux qu’un
Destin de nègre ?
La rime est mon addiction
Des rails de coke
Sur lesquels s’impriment mes cloques
La poésie, mon éternelle affliction

 

 

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