Le nègre fantasque
Jamais avare d’éclats de rires
Multiplie pitreries et frasques
Pour s’entendre dire

Par notre cour battue par ses bourrasques
Enfin un nègre qui sait ce qu’on attend de lui
Qui sait se conduire
Qui serait digne de rejoindre notre tablée

Soyez aimables de ne point l’accabler
C’est notre étoile dans la nuit
Et n’ayez aucune crainte pour ses frères agressifs
Il est un très bon agent dissuasif

Le nègre savant
Toujours aussi grandiloquent
S’accroche à ses acquis foireux
Pour se paonner devant d’autres petits morveux

Sachez-lui rappeler son importance
Justifiée ou pas, sa grande préséance
Magnifiez ses propos, donnez-lui du docteur
Quand il se la pète, du professeur

Quand il se perd dans son jargon flétri
C’est notre étoile dans la nuit
Et n’ayez aucune crainte pour ses frères en colère
Un siège de maire a suffi à enterrer Aimé Césaire

Le nègre saltimbanque
Consensuel ici, donc méprisé là-bas
Dépendant de nos désidératas
Comme un junkie en manque

Patient, il saura toujours détourner son regard
Pour qu’on daigne lui offrir un peu d’égards
Un bout d’oscar, de petits rôles et une de nos minettes
Sans cervelle pour qu’il puisse aussi jouer les vedettes

Tâchez de lui vendre sans cesse la tolérance et la culture
C’est notre étoile dans la nuit
Et n’ayez aucune crainte pour ses frères en rupture
Il leur dira de nous accorder du temps, et même du crédit

Le nègre sportif
Aussi populaire qu’inoffensif
Se pavanant dans sa bulle de confort
Comme la mort

Dans une salle de réanimation
Il inspire la passion, expire l’inaction
Ne lui dites rien d’intéressant
Afin qu’il ne réfléchisse et ne mette à profit

Son temps, son argent et son entregent
C’est notre étoile dans la nuit
Et n’ayez aucune crainte pour ses frères de la vie
Il saura mieux que quiconque, éviter leur compagnie