Mari à tout prix

Vendredi soir, 8 heures
Place des ivrognes
Aux gazouillis des cigognes
Mignons et mignonnes
En quête de bonheur
Ont répondu de bon cœur

Dans le bar des croque-morts
La peur s’évade, le silence s’évapore
S’agglutinent de tendres solitudes
Rarement belles, plutôt ordinaires
Ternes, dans leurs trentaines
Mais pleines de sollicitudes
Au regard de leurs bonnes manières
Que des néons bleutées éclairent

Les visages pâles sourient
Certains dévissent au comptoir
En attendant le top départ
Les yeux, en mode radar
Jouent déjà leur rôle favori
D’agents de liaison
Entre deux cœurs arides qui s’étalonnent

Dernier Bloody Mary
Avant le mariage de raison
L’amour s’en est allé dare-dare
Avec le carrosse des vingtaines
Années de gloire révolues
Saisons de fraîcheur désormais lointaines
Le prince charmant, passé inconnu
Parmi les prétendants par centaines
Qu’elles avaient gentiment éconduits
N’a toujours pas donné signe de vie

A leur grand désespoir
L’attente a lassé
Le temps est passé
Sur elles comme le parloir
Sur les rêves de Florence Cassez
Dire qu’elles se croyaient encore en fleur
Alors qu’ils les avaient déjà mises en bière
Au mieux, en jachère
Tout juste bonnes pour des parties de jambes en l’air
Comme une MILF en chaleur

Trentenaire-célibataire
Débute le purgatoire
Le chemin de croix menant aux grabataires
Alors elles sont prêtes à tout
Même à ce genre de rencontres
Que le prince soit mandchou
Sans le sou ou moche comme un genou
Elles n’ont plus rien contre

Elles courent de pasta parties en speed-dating
A la recherche d’un époux
Et moi, j’y suis, à la recherche d’un bon coup
C’est du speed-fucking
8h30, sur la piste, des cœurs abimées
Le maître de cérémonies dans son smoking
Avance, salue, énonce les règles, puis ajimé
Le lourd son de la cloche retentit
Dans leurs regards, l’espoir reverdit
Dans mon calcif, pépito s’ébroue

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