Le rap français et la langue française : antinomie ou attraction ? de Bettina Ghio

Les études consacrées au rap français depuis les années quatre-vingt-dix insistent pour la plupart sur une présence importante du parler des banlieues populaires contemporaines et de la langue parlée dans les textes. Parler et rapper apparaissent même comme deux activités analogues où la spontanéité (facilitée par le langage de tous les jours) serait pour le rappeur plus importante que le respect des normes langagières. Certaines de ces études suggèrent même que le rap met en œuvre un art « de mal parler avec du talent1 ». En parallèle, la plupart des dictionnaires qui ont recueilli depuis trois décennies le parler des banlieues insistent dans leur préface sur son lien indissociable avec le rap ; soit parce que celui-ci est l’écho le plus retentissant de celui-là2, soit parce que le parler des jeunes dans les cités est rythmé par le rap3, ou parce que ce dernier met en mots – comme ne le fait aucune autre expression culturelle – le monde de la banlieue4. Le dictionnaire Lexis propose même un dialogue croisé entre le linguiste Alain Rey et le rappeur Disiz la Peste comme pour prouver l’autorité égale du statut de rappeur et de linguiste face au parler de la banlieue5. De plus, le rap est considéré dans ces dictionnaires, au même titre que le roman, le cinéma et la BD, comme participant à la « reprise sociale et culturelle6 » de ce parler, et donc comme un moyen précieux pour repérer ses termes.

2Ce parler des cités et le parler familier apparaissent de toute évidence dans de très nombreux morceaux de rap qui investissent le paysage culturel français depuis son émergence au milieu des années quatre-vingt. Le plus souvent, les termes propres de ce parler renvoient à l’entourage familial, au milieu de vie et à l’institution policière, mais, à part les cas bien connus de quelques rappeurs réputés pour les formules familières et vulgaires de leurs textes –comme Ministère AMER (1995) ou Booba (2000-2013) – dans la majorité des morceaux du marché musical du rap français c’est le registre courant qui domine. Ce dernier est mêlé à des termes et des tournures du parler des cités ou de la langue orale, mais aussi à des termes savants – voire même en désuétude – et maintes fois à des constructions soignées et littéraires. Un même texte peut très facilement passer des tournures familières à un style châtié, des phrases de l’oral familier à des tournures de l’écrit, ou encore employer des mots vulgaires comme d’autres raffinés et peu usités. C’est donc à partir de ce trait singulier du rap français, un vrai brassage linguistique7, qu’il faudrait interroger les textes sur ce qu’ils montrent à propos de la langue française. Comment se positionnent-ils d’abord face à la norme langagière et ensuite face à la langue en tant que concept ? Car, dans le mouvement incessant entre insolence et éloge de la langue et de sa norme, le rap français soulève une contradiction intéressante qui mérite d’être analysée.

Un mal parler talentueux?

3Un clash entre les rappeurs Oxmo Puccino et Bauza, où suivant le modèle de la « vanne » et de la « vantardise » chacun d’eux profère une série d’insultes et de moqueries envers l’autre8, est particulièrement intéressant car pour se vanter de la qualité de son propre rap, chacun fait l’éloge d’une écriture en dehors de la norme. De nombreux propos du texte plaident pour la maltraitance de la langue, comme ceux qui introduisent le morceau (« Les gens me disent inhumain, j’ai une mine aiguisée / Même les yeux bandés, j’écris d’une main9 ») ou d’autres qui manifestent ouvertement le rejet de la norme langagière : « Nique les règles grammaticales, on est pire que des animaux ». Une telle violence envers le bon usage de la langue peut se comprendre de prime abord comme le rejet implacable de celle-ci. Mais une lecture sans a priori de ce type de propos au fil du texte peut montrer contre toute attente que la maltraitance de la langue traduit à l’inverse le désir de sa maîtrise, et que ceci ne serait pas sans rapport avec la tension existante dans les conditions sociales de l’accès à cette maîtrise. Cette question est encore plus nette dans d’autres propos qui ajoutent le thème de la crispation face au système éducatif : « Je noie la misère dans les textes pas dans des tonneaux de bière/ Je dis que l’école ce n’est pas pour moi, même si j’ai les teu-no de Pierre ». Cet énoncé illustre, outre un complexe scolaire personnel, des tensions collectives entre l’école républicaine et des populations issues de l’immigration postcoloniale. Le patronyme « Pierre » renvoie de toute évidence au Français « de souche » par opposition à l’origine immigrée des rappeurs10, et l’évocation des résultats scolaires (par « teu-no » verlan des « notes ») montre que dans la logique institutionnelle, ils varient selon l’origine culturelle des étudiants.

4Nous ne pouvons pas entendre ces derniers propos sans reconnaître leur écho avec la question qui a traversé les romans dits « beurs » des années quatre-vingt, comme Le Thé au harem d’Archi Ahmed et Le Gone du Chaâba11. Dans ces romans, les jeunes narrateurs racontent la violence qu’imposent les écarts entre culture légitime française et culture d’origine, dont les différences se manifestaient essentiellement par les écarts dans l’accès à la langue. La question de la langue, au cœur de ces romans, mène en même temps à une dénonciation, non pas tant de la difficulté de grandir entre deux cultures, que du fait que la culture d’origine est perçue comme inférieure par rapport à la nationale, et surtout que la culture légitime se présente presque comme impénétrable. De cette manière, le décalage culturel qui vient des parents non francophones (et a fortiori lorsqu’ils sont illettrés) apparaît pour les jeunes narrateurs comme la difficulté majeure pour s’instruire dans les conditions adéquates et incorporer les normes langagières et culturelles. Dans Le Gone…, par exemple, la honte ressentie par le décalage culturel s’avère évidente par les difficultés que cela peut poser au narrateur dans l’accès à la culture légitime. Ainsi à la fin du roman, quand ses résultats en français sont les meilleurs de la classe, cette tension avec son origine immigrée face aux Français apparaît avec netteté : « J’étais enfin intelligent. La meilleure note de la classe, à moi, Azouz Begag, le seul Arabe de la classe. Devant tous les Français ! […] J’allais dire à mon père que j’étais plus fort que tous les Français de la classe. Il allait jubiler12 ! » L’écho de ces propos avec ceux du clash entre les deux rappeurs est surprenant, car les deux montrent que la question de l’origine culturelle entraîne celle des contraintes dans l’accès à la culture. Il n’est pas un hasard que les rappeurs y fassent allusion dans un texte où ils se vantent de leurs exploits artistiques et où la norme langagière se voit explicitement agressée.

5Un sentiment similaire s’exprime de façon encore plus explicite dans d’autres textes de rap, comme dans celui du groupe marseillais IAM, « Nés sous la même étoile » (1997), qui porte sur le sort opposant les jeunes des quartiers populaires aux jeunes bourgeois. L’accès à la haute culture et à la formation sont au cœur de la dénonciation sur laquelle est bâti le morceau, car l’injustice sociale se traduit principalement par la « malchance » du rappeur-narrateur (enfant de banlieue) face à la « chance » du jeune bourgeois qui « a eu droit à des études poussées », tandis que lui, il n’avait « pas assez d’argent pour acheter leurs livres et leurs cahiers13 ». Ce morceau fait ainsi apparaître le rapport à l’école comme un élément de forte tension en montrant que ce sont les possibilités d’accès ou non à la formation qui orientent l’avenir des jeunes : « Pourquoi quand moi je plonge, lui passe sa thèse ? ». Notons, par ailleurs, que par le possessif à la troisième personne (« leurs livres »), le rappeur ne se reconnaît pas inclus dans les valeurs de l’école française. Le rappeur Kery James a un reproche similaire pour l’école (« Pourquoi nous dans le ghetto eux à l’ENA ? Nous derrière les barreaux, eux au Sénat14 ? ») et Kool Shen du groupe NTM regrette de ne pas avoir eu la formation qu’il aurait souhaité, laquelle est perceptible dans son langage : « Je n’ai pas les mots savants pour exprimer ce que je ressens15. »

6À partir de cette lecture, les propos sur la langue dans ces extraits de rap s’inscrivent dans la complexité d’une thématique au cœur de la question sociale. On peut par conséquent les traduire moins par un désintérêt pour la norme que par le véritable désir de se l’approprier. Dit autrement, l’animosité à l’égard de la norme langagière dans les propos du clash entre Oxmo et Bauza peut être interprétée comme du ressentiment, car son bon usage porte le souvenir de l’échec à l’école et/ou des torts subis du fait d’une origine immigrée. Ce désir peut même se comprendre comme un « défi » dans la logique d’accéder à un usage de la langue inaccessible jusqu’alors aux yeux de ces rappeurs.

Qui aime bien châtie bien…

7Maîtriser la langue dans ses formes présentées comme inabordables paraît être le message codé qu’il faut lire dans l’apologie de la maltraitance de la langue dans les morceaux de rap. « Chez le Mac » (1997), un morceau du groupe IAM, est la pièce clé pour résoudre l’énigme. Il emploie de façon provocatrice le champ lexical du marché de la prostitution pour se référer ni plus ni moins à l’écriture et aux Belles lettres dans le rap. Cette métaphore déplacée et irrévérencieuse semble de prime abord être liée à l’aspect de « la rue » auquel on associe habituellement l’art du rap16. Mais un regard averti pourra décoder cette image comme la volonté et le désir de domination de la langue de la part du rappeur, intensifiés par l’image de la domination masculine. Il se nomme d’ailleurs « proxénète linguistique » ou le « le prox de l’apostrophe » et « le Jules de la virgule ». Il affirme faire du rap (on pourra entendre « écrire ») car il a « toujours eu le sens des putes » et se vante enfin d’avoir « mis les mots au tapin », « au trottoir les syllabes » et « prostitué la diction ». Ainsi donc, « les lettres travaillent pour [lui] », « le dico est [son] territoire », il a « traité les phrases comme de vraies dames » et « tiré les plus belles pour les mettre en vitrine à Amsterdam ». La langue apparaît de cette façon entièrement soumise au rappeur, et pour le démontrer, il n’hésite pas à utiliser les images les plus percutantes : « les consonnes, les voyelles sont toutes à quatre pattes ». Finalement, l’idée d’une maîtrise totale de la norme langagière et des procédés de l’écriture apparaît expliquée à la fin du texte, qui insiste sur le but ultime de la « traite » des mots qui serait la maîtrise de la langue, la qualité des propos :

Si elles [les lettres] le font bien, je les place dans des phrases
Promotion sociale pour elles, pour moi plus de liasses
Mais le fin du fin, c’est le couplet quand elles y sont arrivées
C’est qu’elles sont classées top dans mon carnet

Celles qui attendent de moi un geste en retour
Ont beaucoup d’espoir, d’ailleurs elles courent toujours
Je table sur la qualité, pas sur la quantité
D’un service organisé créé pour vous faire planer

On y trouve des plates, des croisées, des embrassées
Choisissez, chacune d’elles a sa spécialité
J’ai dû transpirer dur pour y arriver
Mais ça sert d’avoir de la famille bien placée dans le métier17.

8Le lecteur averti pourra sans aucun doute reconnaître l’étonnante ressemblance de ce morceau avec la chanson « Poètes… vos papiers ! » (1967) de Léo Ferré qui parle des mots, de la syntaxe et de la grammaire avec le même ton agitateur :

J’ai bu du Waterman et j’ai bouffé Littré
Et je repousse du goulot de la syntaxe
À faire se pâmer les précieux à l’arrêt
La phrase m’a poussé au ventre comme à l’axe

J’ai fait un bail de trois six neuf aux adjectifs
Qui viennent se dorer le mou à ma lanterne
Et j’ai joué au casino les subjonctifs
La chemise à Claudel et les cons dits « modernes »18.

9Dans ce texte, Ferré ne se prive pas de la métaphore du proxénète car le poète est considéré, entre autres, comme un « maquereau de la clarinette », et il lui conseille « de vêtir [sa] Muse ou la laisser à poil ». Obscénité et domination masculine apparaissent aussi dans la provocation pour faire référence à la langue et à l’écriture poétique : « L’important c’est ce que ton ventre lui injecte », ou : « Ses seins oblitérés par ton verbe arlequin/ Gonfleront goulûment la voile aux devantures/ Solidement gainée ta lyrique putain/ Tu pourras la sortir dans la Littérature », ou encore : « Pouacre qui fait dans le quatrain/ Masturbé qui vide sa moelle/ À la devanture du coin. » Selon les critiques de l’œuvre de Léo Ferré, la production littéraire est alors avant tout décrite dans ce texte comme « un exercice viril et violent, plein de provocation », car « il ne s’agit même plus d’écrire mais tout simplement de bander ou d’éjaculer19 » : « Littérature obscène inventée à la nuit/ Onanisme torché au papier de Hollande / Il y a partouze à l’hémistiche mes amis/ Et que m’importe alors Jean Genet que tu bandes20. »

10Le ton obscène est de toute évidence similaire dans les deux textes qui mobilisent d’ailleurs les mêmes figures de la domination masculine. Mais quelles sont exactement les motivations du poète et celles du rappeur ? Nous connaissons déjà la vision de la norme langagière de Léo Ferré comme autoritaire, ce qui vient notamment de sa filiation au mouvement surréaliste. Dans ce poème, il dénonce le fait que tout défi à la norme s’attire une répression, et de là, la voix policière : « poètes… vos papiers ! » Léo Ferré accuse ce qu’il catalogue comme du « snobisme scolaire » dans la poésie contemporaine qui ignore et ne fréquente plus certains mots, en emploie seulement certains et « se prive de certains autres21 ». Son attitude est entièrement dans la provocation agressive lorsqu’il s’agit de défier les dogmes poétiques et sa posture face à la langue française est alors de destruction quand il s’agit de se positionner contre la domination bourgeoise. Il emploie de fait une écriture de l’invective et il s’agit pour lui d’utiliser une langue que la bourgeoisie n’ait pas encore pervertie : c’est ainsi « qu’il goûte de la valeur poétique et codée de ce langage » et que « toute l’écriture de Ferré oscille entre les choix de règles qu’il va dans le même temps détruire22 ».

11Quant aux propos d’IAM, ils sont certes provocateurs et violents par la domination qu’ils sous-entendent et sans aucun doute insolents par l’ironie d’associer les Belles lettres à l’univers de la prostitution. Pourtant ils mobilisent par cette image ostentatoire le désir d’une véritable domination de la langue et de l’écriture. D’une certaine façon l’égotrip – l’affirmation ostentatoire du moi dans l’art de rapper, exploitant le plus souvent les prouesses sexuelles – rend compte ici d’une prouesse qui serait bien appréciée dans le rap : la maîtrise de la langue, de la norme, et enfin un véritable « dressage » de celle-ci.

Le dompteur de la langue

12Dompter la langue, l’assujettir, semble être une démarche moins rebelle que celle de Léo Ferré. Dans la première compilation officielle de rap français, un morceau du groupe NTM exploitait justement la métaphore du dompteur pour évoquer ce que le rap fait avec les mots. « Je rap » (1990) illustrait le plaisir né d’une première maîtrise poétique de la langue, à la façon d’un enfant qui découvre le langage. A côté des images ludiques, le lexique du dompteur évoque au mieux le processus de maîtrise de la langue, perçu auparavant comme un terrain hostile. Cette image est alors particulièrement intéressante car elle peut expliquer ce que montre le texte d’IAM. L’image du « dompteur » de la norme langagière s’explique parce que cette dernière se présente comme inaccessible, impénétrable, et il faut alors une certaine habileté pour arriver à la soumettre. Ainsi cette violence apparente imposée à la langue est plutôt le témoignage de la stratégie employée pour y accéder que NTM exprime ainsi :

Par mon style
Je rap, phase, façonne la phrase
Caressant, domptant, sculptant
Les mots
Je maîtrise, que dis-je, j’excelle
Je contrôle ce domaine à un point tel
Que les mots, les phrases, les sons, les rimes
Semblent être les victimes
De mon toucher, de ma pensée
De mes idées
De mon parler, phrasé, OK23 !

13Il s’agit alors d’exploiter les formules les plus choquantes, comme celles du proxénétisme ou de la brutalité face à la langue, de traiter cette dernière de prostituée ou de bête sauvage afin d’indiquer le processus qui mène à sa domination et à sa maîtrise par la pratique scripturale du rap. Cela présuppose alors de s’approprier la norme par tous les biais possibles, et même par la force, si nécessaire. Cette question paraît en outre liée à ce que des rappeurs ont manifesté quand ils ont été interrogés sur leur lien avec les lettres et la langue, comme Disiz la Peste qui regrette d’être né « dans un lieu peu propice à la littérature », et qui avoue que c’est grâce à la pratique scripturale du rap que la langue et la littérature lui sont devenues accessibles24, ou comme Fabe qui assure à son tour que le rap a éveillé chez lui le désir de la lecture25. En définitive, la violence de ces propos exprime donc la tension ressentie dans l’accès à la maîtrise adéquate de la norme, aux biens culturels et au savoir.

Bien écrire ou alors se taire

14Si dans les textes de la décennie 1990, les propos sur la norme apparaissent avec une violence similaire, dans ceux du troisième millénaire, cette question semblerait surmontée et le respect pour la norme est manifesté sans opacité chez de très nombreux rappeurs, comme si cela était même une conquête réussie du rap français. Un exemple éloquent est le morceau « Apprends à te taire » (2010) de la rappeuse Casey qui fait apparaître le respect pour la norme et la maîtrise idoine de la langue comme un outil fondamental de l’écriture du rap, ce à quoi elle oppose le mauvais traitement scriptural de certains rappeurs, de la variété et du R’nB (des musiques à grand succès commercial), où la norme se voit, selon la rappeuse, entièrement négligée. C’est même à partir de ce critère qu’elle distingue les bons des mauvais rappeurs. Pour Casey, tous ces morceaux qu’elle assure avoir « passé[s] au crible » sont « pitoyables » et « inaudibles », elle les trouve tous « incompréhensibles », « méprisables » et « risibles »26. Mais le plus intéressant est que sa critique porte essentiellement sur la négligence de la grammaire (« ta grammaire est instable, improbable et horrible »), la médiocrité de la diction (« ta diction dépasse le stade de l’inadmissible »), et la pauvreté du vocabulaire (« chez toi y’a pas le dictionnaire ? » car « ta plume est faible »). Ainsi, en tant que rappeuse confirmée par la maîtrise de l’écriture, elle conseille à ces artistes de se rattraper en reprenant les basses de la formation initiale : « reprends ton cartable, ton pe-ra est pénible », « alors attaque tout doucement et commence par le scrabble »27. L’essentiel est alors la maîtrise de la langue, idée centrale sur laquelle porte d’ailleurs son morceau : « apprends à écrire » ou « apprends à t’taire ».

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