Je regarde la télévision et je vous emmerde !

C’est avec beaucoup de plaisir finalement que j’ai suivi un reportage sur France 5 portant sur la génétique et les origines de l’humanité. Les origines de l’homme. Des paléontologues, des généticiens, des archéologues, expliquent l’homme et à partir de recherches sur le génome, décodent notre ADN. D’après ces imminents scientifiques, 10000 personnes originelles ont permis de donner 7 milliards d’individus aux phénotypes différents mais au génome quasi homogène; 99,99%. Tous les hommes sont des africains qui ont muté au fil du temps et surtout au gré des difficultés environnementales qui les entourent. Passionnant.

La diversité génétique des bushmen ou Hottentot, est supérieure à celle des européens car ils ont le mieux conservé la richesse génétique du groupe humain d’origine. Comment expliquer cela ? La sortie de l’Afrique ou l’effet fondateur: quand un petit groupe se sépare pour aller conquérir d’autres territoires. Les non africains sont des sous-ensembles des africains. Il se crée une déperdition génétique. Le premier sous-groupe emporte un patrimoine génétique limité et de migrations en migrations, il emporte une part du sous-groupe qu’il quitte, et ainsi de suite. En Namibie, population de 2 millions d’habitants, on a plus de diversité génétique car ces hottentots, ces populations ont conservé l’ensemble du patrimoine génétique de l’homme. Édifiant.

J’ai appris qu’il existe deux hommes un peu différents : l’homme du néanderthal et homo sapiens ou homme de cro-magnon : nous. Ces deux espèces se sont mélangées lors de leurs rencontres sur les territoires d’Asie. Ce mélange s’est produit pour les groupes sortis d’Afrique et ils ont hérité d’une partie du code génétique du néandertalien.

Les ancêtres des européens sont issus de ce mélange, du croisement entre Néanderthal et cro-magnon, de cette immigration. De l’Afrique, ils sont passés en Asie et en longeant les côtes, on finit en Australie. D’autres longent l’Europe jusqu’au détroit de Béring et bénéficiant des glaciations, se retrouvent en Amérique. Ces déplacements sont favorisés par les adaptations de ces hommes aux environnements hostiles qu’ils découvrent. Ces mutations génétiques engendreront de grandes conséquences : la couleur de peau en est la plus marquante. C’est une variation à l’ensoleillement. Les noirs ayant migrés en Europe ont dû mutés pour s’adapter. Les populations ont sélectionné les caractères les plus adaptés à leur environnement pour survivre et pérenniser leurs lignées. Quelques individus ont muté et cette mutation s’est généralisée dans la population pour créer un changement marquant en moins de 20000 ans.

La physionomie, l’aspect physique s’adapte. Dans les climats froids, on a intérêt à être petit et rond et dans les climats chauds, on évacue au maximum la chaleur et donc on a intérêt à être grand et fin. La sélection sexuelle en est issue; les individus pourvus de certaines caractères sont privilégiés par rapport à d’autres. La blondeur ou la barbe en est un exemple pour les européens car les femmes préféraient vraisemblablement les barbus (les poils recouvrent aussi mieux le visage) et les hommes les blondes. Les yeux de chinois s’expliqueraient par cette propension de la population asiatique de préférer cette particularité génétique. Les populations privilégient certains traits et au fil du temps, ce caractère se sédimente et devient un caractère dominant. Ces mutations sont donc des adaptations au milieu et des sélections conscientes des populations migrantes.

L’apparition de l’agriculture permettra de nourrir plus de monde, grâce à la fin des glaciations. C’est sans doute le début de la fin du nomadisme, et le développement de la sédentarité, du stockage et de la méfiance envers l’autre, l’étranger. En vivant de la pêche, de la chasse et de la cueillette, nul besoin de se méfier de l’autre. Avec l’agriculture, l’homme s’affranchit de sa dépendance envers la nature et apprend à thésauriser. Cela créera le développement d’autres valeurs sociales comme la hiérarchie de classes entre les hommes car il faut organiser la cité et la protéger des étrangers.

Les européens qui découvriront l’Amérique, découvrent aussi ces hommes à l’aspect singulier (sans poils sur le corps), qui ne les ressemblent pas. Ils s’interrogent et auront des scrupules à réduire les indiens à l’esclavage ( et aussi sans doute parce que les indiens crevaient comme des lapins à cause de l’introduction dans leur environnement de maladies inconnues et d’une constitution physique assez faible: ils étaient peu robustes et mourraient rapidement des lourdes tâches physiques qu’on leur imposait). Ils n’en auront pas pour les noirs. C’est la source de toutes les théories sur les races et notamment la noire, qu’ils considèrent comme un intermédiaire entre l’animal et l’homme. Théories racistes basées sur l’anthropologie et la biologie pour justifier un commerce immoral, l’appât du gain. Cela n’est plus de la science, mais plutôt du ressort de la culture; nous parlons de valeurs. Je ne vous apprends rien, Jean-Philippe Omotunde et d’autres vous l’ont déjà expliqués.

Alors, je me suis demandé dans quel cadre j’aurais pu avoir toutes ces informations de manière aussi concise et claire, si je n’avais pas possédé une télévision. Avec toute la bonne volonté du monde, il m’aurait fallu lire de nombreux livres, assister à des conférences de spécialistes et il n’est pas certain que j’aurais compris aussi simplement toute cette histoire. En tout cas, cela m’aurait pris plus de temps, d’argent et d’engagement. Ce soir, je l’avais, condensé en 52 minutes.

La télévision permet de démocratiser l’accès au savoir et tous les snobinards qui s’enorgueillissent de ne pas en avoir chez eux, de l’avoir jetée ou vouée aux gémonies, sont de pauvres crétins qui sont vexés en réalité, de savoir que le populo n’a plus besoin de leur médiation ou intersession pour avoir accès aux connaissances les plus fines, pour comprendre le monde.

La télévision est une fenêtre ouverte sur un monde. Sur l’immonde uniquement, selon certains houspilleurs. C’est tout de même une fenêtre. Décréter péremptoirement de s’en passer parce qu’on y retrouve aussi des inutilités, des stupidités ou du divertissement, est aussi débile que de demander à quiconque de se passer d’internet parce que la majorité des sites visités et référencés sont des sites de cul.

Dans une société qui va aussi vite, où de moins en moins de personnes ont le temps de s’asseoir pour rêvasser, bavasser, paresser, lire la grande culture qui, soit dit en passant, ne sert que ceux qui comptent tenir les salons et prendre racine à Paris, quels sont les lieux où l’on peut encore s’instruire à moindre frais et aussi facilement et rapidement ?

Aujourd’hui, quand on veut savoir, on sait. Grâce à ces technologies nouvelles, les pauvres qui veulent savoir se sont affranchis des transmetteurs, des faux intermédiaires de la connaissance. Les salonnards, les érudits, ceux qui se vantent d’avoir de la culture, voient se réduire comme peau de chagrin leurs influences, « supériorités intellectuelles », leurs préciosités eu égard à la valeur que les autres donnent à leurs savoirs acquis à travers leurs études ou leurs lectures bourgeoises, ne valent plus grand chose. Internet et la télévision nous libèrent de leurs pompes.

Et c’est ainsi qu’en réaction à leur déclin irrémédiable, ils se sont mis à vilipender les causes de leur inutilité. La télévision est nulle, abêtissante, vulgaire, elle a tous les défauts possibles et imaginables. Ils se rebiffent et nous le proclament avec emphase à chaque fois qu’ils en ont l’occasion, et notamment, à la télévision.

En effet, la télévision est nuisible pour les autres, ils ne la possèdent plus ou pas, l’ont remplacée avec des activités plus créatives, plus instructives, plus édifiantes. Néanmoins, ils ne lésinent pas sur la moindre opportunité de venir nous vendre leurs salades: à la télévision. Ne faites surtout pas ce que je fais sinon, je risque de bouffer des pissenlits.

Le mépris de classes qu’ils affichent envers les péquins qui la possèdent encore est proportionnel aux efforts qu’ils prennent ou ont pris pour acquérir tous leurs bagages culturels, indispensables pour les dîners en ville et pour frimer devant le terrone.

Et l’idée que la télévision serait mauvaise par nature est désormais inscrite dans la société. Quand on n’a pas de grands moyens et un background socioculturel important, on se contente de peu et on en tire le meilleur parti. Les pauvres n’ont pas à se sentir morveux d’aimer leurs télévisions; de la regarder. Les cultureux et autres bobos de mauvais augure n’ont pas à les culpabiliser de la regarder.

La télévision est un outil, un bel outil, un formidable outil d’ouverture, de compréhension, d’observations, de vulgarisation. Culture et sagesse ne vont pas de pair. ça se saurait. Les gens ne sont pas cons. Enfin, pas toujours. Contrairement à ce qu’on croit, en général, ils ont toujours gardé le sens des réalités dans leurs jugements, là où les élites les plus formées, les plus savantes, les plus cultivées se sont vautrées avec fracas. Est-il besoin de rappeler que les élites, malgré leur immense culture, ont collaboré avec panache et se sont toujours plus avilies dans leurs compromissions et leurs bassesses que le peuple inculte ?

Le bas peuple est certes suiviste, lâche, bourru mais de leur élite, il n’en pense pas moins. Discuter avec les gens et vous verrez qu’ils savent à qui ils ont à faire. Il ne verbalise pas ou il le fait très mal. Et il se plante quand il est manipulé par ses élites.

La différence aujourd’hui est que l’inculte a la possibilité de s’instruire et de choisir le canal de son instruction. La télévision en est un, très influent, probablement très dangereux et simplificateur. Mais, c’est l’histoire du monde, banalement banal. Les deux faces de la médaille. On fabrique des médicaments avec le venin des serpents. Tout est une question d’usage.

Nous aurons toujours besoin de ponts pour mieux comprendre les scientifiques, les chercheurs. Nous avons besoin de prescripteurs; à chacun de choisir ceux qu’ils jugent bons. Mais à l’évidence, les cultureux vaniteux, les gloseurs, les citateurs compulsifs, les bobos geignards, les moulins à bullshits et autres théâtreux wagnériens ne séviront plus que dans les salons en ville. Ici, la télévision les a démagnétisés. Leur étoile pâlit à chaque fois qu’on l’allume ou qu’on va sur internet les éteindre. On les voit de moins en moins se mirer dans leurs vaniteuses récitations.

La télévision n’est pas le diable. C’est au contraire un excellent révélateur du sens critique de celui qui la regarde. La fuir ou la détruire, c’est manifester son impuissance. Vous en faites ce que vous voulez. Si vous vous en sentez capables, bien sûr.

Osez le bon sens !

YDM

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