Fort Plaine Saint-Denis : The 93

De plus en plus de grandes entreprises se tirent de Paris pour s’installer à la Plaine Saint-Denis; le nouveau quartier d’affaires qui connaît une expansion fulgurante. Économies de loyers, proximité avec la capitale, gentrification de la première couronne (construction d’immeubles très modernes et habitables tout autour du Stade de France, réhabilitation d’anciens immeubles et construction du tramway…), impôts locaux probablement faibles : les entreprises ont fini par comprendre que le territoire qui puisse encore être développé est la Seine-Saint-Denis. Nous ne pouvons que nous féliciter de cette sage décision. Nous ne pourrions que nous féliciter de cette sage décision si les habitants de la région bénéficiaient de cette révolution.

La SNCF a mis en place, en coordination avec les entreprises, des navettes spéciales pour les employés qui se sont « risqués » à suivre leurs employeurs dans la zone afin de les sécuriser des arrachages de sacs à main et de téléphones portables. Des associations comme « partenaires pour la ville » sont chargées de veiller à la sécurité de ces hères quand ils débarquent des stations de RER et métros (Stade de France RER B, D, métro porte de Paris) afin que de jeunes loubards mal intentionnés ne leur fondent dessus. La barrière sanitaire est bien entretenue et gageons qu’avec l’avènement de nouveaux entrepreneurs, elle sera solidifiée (vitres blindées, barbelés électrifiés, patrouilles de police, postes de police, poste avancé de gendarmerie, vidéos surveillance, détachement de l’armée, bureau de la DGSE, Blackwater and co…). A bien des égards, cela fait penser à l’excellent film de Paul Newman: Fort Apache : The Bronx.

Seuls oubliés de ces projets de progrès social, les habitants. Ou plus précisément, les enfants d’habitants. Et d’après vous, quelles sont les mesures qui ont été prises par tous ces hiérarques pour combattre la paupérisation qui se sédimente sous leurs yeux, leurs fenêtres, devant leurs tours protégées ? Aucune

Ces entreprises ont-elles mises en place des conventions avec les universités locales pour former dès à présent, les futurs employés qu’elles recruteront dans 5 ou 10 ans ? Non

Ces entreprises ont-elles communiquer auprès des populations et créées les conditions nécessaires à la bonne cohabitation avec la misère ? Campagnes de recrutement, campagnes de formation ANPE pour pourvoir des postes à court terme, stages d’entreprises et d’apprentissage pour les étudiants du crû ? Non

Les élus ont-ils insisté auprès de leurs donneurs d’ordres pour faire profiter de l’essor de la Plaine, à des habitants aux horizons bouchés ? Non

La comptine acceptée par tous est de dire que ces quartiers sont acculturés, peu éduqués, peu civilisés, peu propices au travail. 2 universités qui forment des milliers d’étudiants depuis 50 ans… Nein ! Idiotischeres !

Personne ne dira que le 93 est un havre de paix. Mais personne ne dit aussi qu’il y vit de milliers de personnes diplômées, qualifiées, motivées pour prendre l’ascenseur social. Personne. Seule tonne l’insécurité. Insécurité largement fantasmée. Aménageons aussi des couloirs de bus pour ces employés en territoires hostiles et des cortèges d’entrée et de sortie dans la « jungle ». La jungle du 9-3

Incapables de réfléchir à long terme et de combattre les racines des maux qu’ils affrontent, tous ces décideurs n’ont toujours pas compris que leurs barrières et leurs guéridons ne feront qu’accélérer le malaise, et la prédation de populations jeunes qui voient s’ériger des barbelés invisibles devant leurs désespérances et se demandent tous comment leur pays a pu acter le fait que leurs destins étaient juste de chourer des portables et malmener d’obscurs scribes. L’insécurité, la belle cagnotte ! Personne ne s’est dit qu’un ado pris dans la spirale de la délinquance, aurait davantage de mal à voler le portable ou le portefeuille d’un des collègues de son père, de son frère ou de sa sœur.

Ils courent à leur perte, plantent les graines des prochaines émeutes et discordes sociales et ils ne s’en rendent même pas compte; aveuglés par des fantasmes, savamment entretenus par ceux qui devraient normalement défendre ces quartiers : les élus.

Combien de meurtres d’employés depuis que le quartier d’affaires s’érige ? Combien de viols ? Combien de rackets ? Combien de ratonnades ?

Mais de nombreux vols de portables. En effet, c’est bien connu, à Paris, point de pickpockets et de smartphone-jacking.

Rions de toutes ces petitesses humaines !

 

 

Osez le bon sens !

YDM

 

 

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