Déclaration à l’occasion du 2ème anniversaire du renversement du président Laurent Gbagbo

 

 

1- En ce jour anniversaire du renversement du président Laurent Gbagbo ; sept (07) semaines après l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges retenues contre lui par la CPI qui, on s’en souvient, l’a déporté vers La Haye aux Pays Bas le 29 novembre 2011 ; et à sept (07) semaines du verdict, le Front Populaire Ivoirien (FPI) prend ici la parole pour donner son appréciation d’un événement dont la portée historique n’échappe à personne.

Mais de prime abord, le FPI voudrait saluer avec déférence la mémoire de tous ces Ivoiriens tombés pour leur attachement aux idéaux du Président Laurent Gbagbo. Le FPI exprime par ailleurs son plus vif soutien à tous ses militants ainsi qu’aux Ivoiriens de tous bords contraints à l’exil pour la même raison ; à tous ses militants dans les liens d’une détention extrajudiciaire et à leurs familles ; à l’ensemble des Ivoiriens qui souffrent le martyr sur l’ensemble du territoire, en particulier ceux de l’Ouest.

 

2- Mesdames et Messieurs, le 11 avril 2011 n’est pas l’aboutissement d’une simple controverse électorale ; c’est plutôt le couronnement d’un processus de déstabilisation marqué par une tentative de coup d’état vite muée en rébellion armée dès le 20 septembre 2002. Bien plus, la déportation du Président Laurent Gbagbo, de Korhogo à La Haye, n’est rien moins que l’exécution d’un complot conçu et planifié de longue date. En effet, qui ne se souvient qu’en plein conclave de dépossession de la Côte d’Ivoire d’elle-même à Linas-Marcousis, en 2003, le Président du Burkina Faso voisin, affidé notoire du système dont la CPI est un instrument de chantage, avait déjà brandi la menace d’une déportation du Président Laurent Gbagbo à la Cour Pénale Internationale.

La déportation intervenue 08 années plus tard, en raison de la résistance des Ivoiriens, et au motif de prétendues atteintes graves aux droits de l’homme, n’est en réalité que l’accomplissement par la CPI de sa part de mission dans la logique du « Gbagbo doit partir du pouvoir par tous les moyens ». Comme tous les téléspectateurs du monde, le FPI a eu le privilège de suivre, du 19 au 28 février 2013, l’audience tant attendue : l’Accusation a exposé ses charges, la Défense a démontré, en droit et dans les faits, la vacuité des charges alléguées. Intervenant en dernier lieu, le Président Laurent Gbagbo a donné sa part de vérité, dix sept minutes durant.

 

3- Le FPI tient à renouveler ses très vives félicitations non seulement à la Défense avec à sa tête Me Emmanuel Altit, mais aussi aux acteurs politiques et aux Intellectuels de tous bords, en particulier ceux de la Gauche qui ont soutenu la cause du Président Laurent Gbagbo et qui continuent d’exiger sa relaxe pure et simple : Jean Ziegler (Suisse), Charles Onana (Franco-camerounais), Bernard Désagné (Canadien), Grégory Protche (Français), Jean Léonard Touadi (Italien).

Le FPI salue tout spécialement les Présidents Theodoro Obiang Nguema, Thabo Mbéki, Jerry Rawlings, le Ministre Koffi Yame Gnane, les leaders des organisations patriotiques de la Diaspora africaine et ivoirienne, notamment Mme Calixte Beyala, David Gakunzi, les professeurs Albert Bourgi et Michel Galy…

Le FPI salue solennellement l’intervention du Président Laurent Gbagbo à l’audience susmentionnée : une intervention concise et précise qui se voulait un recadrage à visée pédagogique du procès lui-même autour de la Démocratie, et selon une double démarche rétrospective et prospective.

En effet, prenant appui sur le passé, le présent et l’avenir comme moyen d’intervention de l’Homme dans l’Histoire et de régulation sociétale, l’historien Laurent Gbagbo s’est adressé à trois cercles concentriques d’acteurs directement ou indirectement impliqués dans la crise ivoirienne. Il s’agit des Ivoiriens dans leur diversité ethno-socio-politique, des Africains d’ici et de la Diaspora, de l’Occident, de l’ONU et du reste du monde. Ce discours magistral appelle de la part du FPI quelques commentaires.

 

4- A propos de la nécessaire démocratisation de la Côte d’Ivoire, le Président Laurent Gbagbo s’est adressé aux Ivoiriens dans leur diversité ethnoculturelle.

En historien avisé et conscient du fait que la diversité est la caractéristique principale de la quasi-totalité des pays du monde ; que la différence est un ferment de progrès et que, par conséquent, il importe de concilier le respect de cette diversité avec l’exigence de la cohésion sociétale et de la promotion de l’idéal démocratique, le Président Laurent Gbagbo s’est fait très tôt le chantre des valeurs et des normes universelles. Sa préférence pour la lutte institutionnelle plutôt que la violence armée comme moyen de conquête ou d’exercice du pouvoir d’Etat, procède du caractère pluriethnique, multiculturel et pluriconfessionnel de la Côte d’Ivoire. Celle-ci est configurée autour de cinq aires culturelles avec chacune ses pratiques sociopolitiques propres : Akan, Gur, Krou, Mandé Nord et Mandé Sud.

Pour concilier ces pratiques sociopolitiques différentes voire parfois opposées, il fallait mettre en œuvre une nouvelle façon de gouverner, un nouveau modus vivendi, c’est-à-dire faire la promotion d’un système de valeurs qui impulse une dynamique nouvelle aux modèles préexistants sans en léser aucun : la démocratie. Dans ce processus novateur, pour être crédible et légitime, le leader qui engage les communautés de base devait se mettre au-dessus de la mêlée, c’est-à-dire initier un processus de socialisation politique sans volonté hégémonique aucune. Là-dessus, le Président Laurent Gbagbo a engagé et réussi son pari puisqu’il est arrivé au pouvoir par voie pacifique et qu’il l’a exercé sans aucune volonté de favoritisme ou de rattrapage ethnique au profit des Bété, son groupe de référence. Aujourd’hui, hélas, nous assistons dans notre pays à un retour en grâce des reflexes sectaires et pratiques de parti unique, avec pour corollaire une négation de l’idée de Nation.

 

5- Laurent Gbagbo exhorte ses compatriotes africains à veiller au respect strict de leur Constitution.

C’est en fait l’approche la plus novatrice et la plus pacifique si elle est engagée dans une perspective égalitaire et de rassemblement. Et comme tout processus démocratique ouvre la voie à une amélioration globale et progressive des institutions par et dans la critique, il n’y a pas de raison que les problèmes d’aujourd’hui ne trouvent des solutions demain. C’est dans cette perspective que Laurent Gbagbo a fait de la liberté d’opinion, d’expression et de manifestation la pierre angulaire de sa lutte émancipatrice. Il n’a eu de cesse de la considérer à juste titre comme un combat pour le développement intégral. D’où l’idéal du socialisme démocratique fondé sur le fait que la cartographie du monde développé coïncide avec la géographie des plus vieilles traditions démocratiques.

 

6- Laurent Gbagbo interpelle enfin l’Occident, l’ONU et le reste du monde. Prenant de la hauteur et sans polémique aucune, mais avec gravité, Laurent Gbagbo a demandé aux décideurs mondiaux ainsi qu’à leur opinion de ne pas contourner les deux questions principielles : d’une part, « Qui a gagné l’élection présidentielle du 28 novembre 2010? ». D’autre part, « Pourquoi n’a-t-on pas procédé à un recomptage des voix ? ».
Pour Laurent Gbagbo, ces interrogations ne doivent pas et ne peuvent être frappées de tabou, parce que jugées gênantes, et ce, dans la mesure où elles s’adressent à des institutions internationales arcboutées sur le droit ou aux représentants de celles-ci, tous respectueux des lois fondamentales d’ailleurs inspirées par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Dès lors qu’il a formulé cette question fondamentale à la face du monde à cette occasion solennelle, à savoir pourquoi n’avoir pas procédé au recomptage des voix comme cela se fait partout ailleurs, le Président Laurent Gbagbo a accompli son devoir, celui de la quête et l’éclatement de la vérité et de la justice en toute circonstance, en vertu des exigences démocratiques.

 

7- En guise de conclusion, le FPI lance un appel à la communauté internationale, notamment à l’Occident.

En s’appuyant sur ce qui précède, le FPI se félicite de la hauteur de vue et de la force de caractère d’un Laurent Gbagbo, plus soucieux du devenir socio-politique de son pays, la Côte d’Ivoire et du continent africain, que de son propre sort face à une juridiction internationale aux ordres de ceux dont elle est l’émanation. Là où certains ont pris les armes pour régler des problèmes de gouvernance politique, Laurent Gbagbo, quant à lui, s’est résolu à contribuer à changer qualitativement le monde par la voie pacifique ou institutionnelle : c’est que pour lui, l’homme est et doit rester au centre de tout. Tel est le fondement de son combat pour la démocratie, œuvre de patience, d’écoute, d’endurance et de ténacité ; mais également pratique de gouvernance politique avec ses exigences dont le respect des lois constitutives de la Nation. Paradoxalement, c’est cet attachement à la Loi des lois de son pays qui est le véritable motif de sa chute: «c’est parce que, dira-t-il, j’ai respecté la constitution de mon pays que je me trouve à la CPI ». En martelant ce paradoxe tragique, le Président Laurent Gbagbo interpelle l’Occident, l’ONU et le reste de l’humanité sur la nécessité de promouvoir la démocratie internationale. En effet, comme ses pairs chefs d’Etat, il indique sa part de contribution en acte et en parole en exposant ce qu’il a pu faire pour la Côte d’Ivoire et l’Afrique, au nom du multiculturalisme.

Y a-t-il un écart entre le dire et le faire du Président Laurent Gbagbo ? Qui mieux que lui s’est investi dans le combat pour l’émancipation de l’Ivoirien après l’épisode du RDA des années 1946-1950 ? Qui mieux que le Président Laurent Gbagbo s’est sacrifié en pleine guerre froide à arracher les libertés démocratiques, subissant emprisonnements et humiliations ? Voilà, pour ceux qui ne le sauraient pas – ils sont nombreux, hélas – le fondement, la substance véritable du combat de Laurent Gbagbo, qui est loin d’être une obsession pour le pouvoir.

Quelle que soit l’issue du procès en cours, le FPI est conforté dans la justesse de la ligne tracée par le Président Laurent Gbagbo. Cette ligne est la direction même de l’Histoire, celle du progrès. Pour cette raison, le FPI assure de sa foi et de sa conviction que l’un des plus grands combattants de la liberté, dans la lignée des Mahatma Gandhi, Martin Luther King, Patrice Emery Lumumba et Nelson Mandela en ce début de XXIème siècle, en l’occurrence le Président Laurent Gbagbo, ne restera pas séquestré plus longtemps dans les geôles de la CPI et qu’il sera rendu à la liberté.

 

 

Fait à Abidjan, le 11 avril 2013

Le Secrétaire Général par intérim & Porte-parole

 

Dr Kodjo Richard

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