Maman était alcoolique
Papa son meilleur acolyte
Je suis né dans une urne funéraire
Un fût de bière

Pour landau
La misère pour manteau
Le viol, la violence en trop
Et le silence, ce silence cimetière

Des premiers pas vers le trépas
Je voulais devenir grand, et vite
Éviter les coups après les cuites
Je voulais que ma peine soit réduite

Toujours sauver les apparences
Laisser le magma haineux bouillir
De mon innocence
Je n’ai gardé que le sourire

Ils disaient : c’est un gamin en or
Je n’ai pas toujours été dur
Ce décor a fait de moi une ordure
La colère est une bonne armure

Je l’ai revêtue
Quand mes rêves étaient en lambeaux
Quand les oreillers masquaient mes sanglots
Quand ma douleur errait dans les regards perdus

Le monde, j’ai appris à le haïr
Car il n’a eu de cesse de me salir
L’école fut une halte avant le supplice
Puis, une halte avant la police

Ils n’ont rien vu, n’ont rien dit
Ils n’ont rien entendu,
Ils ne m’ont jamais cru
Abandonné dans mon limbe maudit

A attendre que demain me survive
Que le poids des coups me sublime
Madame le juge, voilà comment débute
Ma traversée meurtrière

Pas de quoi être fier
Juste un autre môme qui pleure
Et c’est un innocent qui meurt
J’ai jamais voulu être un serial killer

Mesdames, je ne vous redonnerai pas vos fils
Je ne réenchanterai pas votre belle famille
Quelque soit les mots que j’éparpille
Vous croirez toujours que j’ai mis un postiche

Les excuses raffermissent le doute
Croyez-le ou non
Je suis bien trop humain pour battre ma coulpe
Je mentirais en disant que je me fais du mouron

Ne m’accordez pas votre pardon
Je ne l’ai pas fait à vos garçons
Je n’attends rien des adultes
Alors, balancez le jus et nous en serons quittes